Chapitre 2

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Musique: SNAP High and Fast - Rosa Linn

— Vic descend de ce bateau s'il te plaît. Me supplie presque ma mère alors que je refuse catégoriquement comme une enfant qui fait un caprice.

Nous sommes arrivés en Italie, il y a un peu plus d'une heure. Le bateau de mon enfance nous a emmenés au milieu du grand lac aux eaux claires pour rejoindre notre maison située sur une petite île.

Plus de retour en arrière, nous y sommes. Je n'ai aucun moyen de m'échapper. Je regrette déjà d'avoir pris cet avion.

Tu n'avais pas le choix de toute façon.

Allez Vic, tu sais pourquoi tu le fais. Concentre toi sur ces raisons.

Je prends une grande inspiration, un peu pour me donner de la force lorsque mes pieds retrouvent la terre ferme. La famille De Castels est déjà arrivée sur place d'après les dires de mon père. La confrontation arrive à grands pas. Même si mon ventre se tord dans tous les sens, je ne laisse rien paraître.

Je dois être forte.

Je suis forte.

Je remonte le petit chemin ombragé qui entoure la maison  en suivant mes parents de près. Mes souvenirs de la maison sont plutôt flous. Dans ma mémoire, la maison n'était pas toute en pierre. Le lierre l'entoure laissant encore apparaître clairement les fenêtres aux rebords blancs et au volet bleu clair. L'herbe fraîche est soigneusement coupée et entourée de fleurs ouvertes dégageant des odeurs extraordinaires. Si je n'étais pas allergique aux trois quarts des pollens, je serais peut-être plus heureuse d'en voir autant. Malgré ce petit détail insignifiant, autour de nous, tout semble idyllique. C'est le paradis sur terre. Avec un petit peu de chance, Alexander ne viendra pas. Je l'espère du plus profond de mon cœur. Et je vivrais deux mois paisibles, deux mois de véritables vacances. Les rêves de mes belles journées sans Alexander défilent sous mes yeux.

Je remarque la famille de Castels qui se rapproche de nous pour nous dire bonjour. Pourquoi suis-je aussi malchanceuse ? Mes pauvres rêves s'évaporent dans la nature, je remarque alors qu'ils sont trois.

- Merci de nous avoir invité William. s'exclame George en s'arrêtant près de la piscine.

Elle donne vue sur les villages juste en face du lac. Elle est entourée d'une grande terrasse de pierre beige entourée de magnifiques transats.

– Merci à toi d'avoir accepté. Dit mon père beaucoup trop reconnaissant à mon goût.

Pas besoin de lui lécher autant les pieds.

Sa nouvelle femme, Adriana et Alexander le suit de près. J'avais espoir qu'il ne vienne pas. J'ai réellement envie de vivre. Je vais devoir survivre à mes émotions et mes états d'âme ces deux prochains mois. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle des vacances. Ce n'est ni reposant, ni agréable. C'est difficile de contrôler ces émotions même lorsque les caméras ont disparu. Je vais finir par craquer si même le contrôle reste obligatoire dans la sphère privée.

Tu le fais pour ta famille Victoria.

Le souvenir que je porte de lui est bien différent de la personne en face de moi. C'est un homme, le petit garçon a disparu. Il a pris plusieurs dizaines de centimètres. Ses cheveux blonds sont toujours aussi bien coiffés, un peu plus longs peut-être, tombant sur son front. Il a l'air plus froid, plus détruit. Il est distant avec mes parents, une sorte de sécurité psychique, je dirais.

Arrête de te focaliser sur lui.

Tu l'analyse beaucoup trop.

 Alexander n'a pas l'air se laisser facilement toucher et approcher. Ce souvenir commun ne s'est pas éteint. Il brûle dans notre mémoire. Ces yeux rencontrent les miens. Je suis pratiquement sûr de lire une autre personne.

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant