Chapitre 20

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MUSIQUE: Lost the game - Two Feet / River - Bishop Briggs

– Je sens la longue journée arrivée. Me dis-je à voix haute en sortant du lit.

Ce matin, tout semble difficile, même me lever devient compliqué. Tout est embrouillé dans ma tête depuis ce soir-là. Je marche vers des lieux inconnus à l'aveugle, sans chercher à comprendre. Pourtant, j'essaie constamment de comprendre ce qui se passe avec Alexander, ce qui se passe dans ma tête depuis qu'il est dans ma vie de façon aussi imposante, depuis cette noyade. Ces derniers jours m'ont montré qu'il peut-être quelqu'un d'autre.

J'aime cette idée d'être plus humaine, plus libre pourtant cette perte de contrôle de moi-même me terrifie. Cette colère disparaît, je me surprends à être plus ouverte.

J'ai peur.

Et si, je perds cette colère, comment vais-je gérer mes émotions en vers lui ?

Je suis terrorisé.

C'est sûrement un de mes plus gros défauts, j'ai besoin de tout contrôler. Et aujourd'hui je ne contrôle rien avec Alexander. Je me laisse aller, un peu trop même. Je laisse mon cœur prendre les décisions.

Je ne dois pas laisser le contrôle à mon cœur, c'est dangereux.

Trop dangereux.

J'ai toujours envie de lui écraser sa tête par terre mais j'ai aussi envie de découvrir toutes les parties inconnues de sa personnalité. J'ai envie de revoir ce masque qui tombe, le voir ressentir des émotions.

Avec lui, je ne me suis jamais senti obligé d'être la personne que ma mère a façonnée. Je suis libre, je suis moi.

Le plus dur à accepter est sûrement le fait que je crois que je me sens bien depuis quelques jours, je me sens protéger avec ces sourires. J'ai l'impression que le monde et mes journées sont remplis de couleurs, remplie de vie.

Je voudrais le fuir, l'éviter toute la journée afin de comprendre ce qui se passe en moi, ce qu'il est en train de créer. Seulement ce n'est pas possible.

La journée bateau dans le but de faire découvrir le lac est prévue pour aujourd'hui et je n'ai pas le droit de la manquer.

L'image est toujours l'image.

Les paparazzis vont sûrement prendre une tonne de clichés. Maman et papa font la une des journaux people. Ils seront le centre d'attention, tous les yeux seront rivés sur eux, même les nôtre. J'en suis persuadée. C'est le seul but de la journée, la seule mission. L'échec est impensable.

Je me prépare vitesse grand V, afin de ne pas être en retard. Si je suis en retard de quelques milli secondes, je me prendrais les puissantes foudres de ma mère.

Une fois en bas, apprêter des habits de la marque de mon père, ma mère juge et valide la tenue d'un seul regard. Le fait que je porte la marque de mon père va pouvoir lui faire de la publicité et montrer que je suis toujours là pour ma famille.

Une fois arrivé, je me rends compte que notre bateau à changer, ce n'est plus le joli bateau marron de mon enfance. Il est plus grand, pouvant accueillir la famille Castels sans que l'on se sente trop serrés. On peut s'allonger à l'avant et l'arrière afin de bronzer tranquillement. Ces parties-là sont recouvertes de bois vernis faisant ressortir le marron. Les banquettes de cuir beige forment un U, accompagné d'une table centrale. Très vite, tout le monde s'installe. Mon père est le dernier à monter sur le bateau, prenant place aux commandes. Il faut peu de temps avant que l'on voit le manoir s'éloigner petit à petit pour finir de disparaître de notre champ de vision.

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant