Chapitre 29

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Musique: Daylight - David Kushner

— Nous y sommes ! Me dis-je en fermant ma valise.

C'est l'avant-dernier jour sur cette île, plus besoin de faire semblant. On retourne à Paris. La liberté est de nouveau à notre portée. On la touche presque du bout des doigts. Je peux déjà la sentir. Le départ est demain soir, afin de se laisser le temps de finir les bagages. L'image de la grande famille Werthmisters est sauvée. Maman a réparé ces erreurs auprès de la société et des paparazzis en prouvant que c'était toujours la femme éperdument amoureuse de William.

Quelle hypocrisie.

L'image. L'image est au centre de nos vies et c'est ce qui a probablement détruit leur amour, détruit notre famille. Il était tellement concentré sur ça qu'ils ont fini par oublier que l'amour était quelque chose qui s'alimentait comme un feu, un feu de bois. Après tout, cela doit être alimenté de branche, de bûche dans le but de ne pas s'éteindre, de continuer à brûler. Il doit être protégé du froid glacial et du vent. Mes parents n'ont jamais réussi à faire durer leur amour, à le protéger et à en prendre soin. Aujourd'hui, c'est un point de non-retour.

L'amour s'efface mais l'image vit.

Pourtant ces dernières semaines, ces derniers jours, je ne me suis jamais senti aussi bien. Je me suis senti rempli d'énergie, pleine de ressources. Il m'a aidé à me sentir vivante, à me protéger. Je me suis presque senti aimé. Il me fait ressentir des sentiments que je n'avais jamais encore connus. C'est nouveau et terrifiant. Je n'aurais jamais cru pouvoir ressentir une sensation pareil à ses côtés, à côté d'un homme comme lui. Ces sentiments ne sont probablement pas à sens unique. Il y a une sorte d'alchimie, de connexion entre nous, entre nos corps, nos âmes.

C'est devant ce soleil qui se couche que je me rends compte que je suis tombée amoureuse de lui. Je l'aime et je n'ai aucun doute sur mes sentiments. Je l'aime depuis ce soir sur le bateau. J'aime chaque petite partie de son corps, chaque petit détail de son caractère, de son trait de personnalité. J'aime cette sensation de bonheur et de bien-être qu'il me procure.

Je voudrais lui dire et entendre qu'il m'aime. Je veux lui dire, je me sentirais plus légère. A quoi bon cacher quelque chose d'aussi fort. C'est comme un saut à l'élastique. Pour vivre de forte sensation, il faut sauter. Sauter est inévitable. Le courage est sûrement la seule chose que je n'ai pas réussie à acquérir ces dernières années. J'ai peur de me lancer, surtout si on ne me pousse pas. J'ai peur de tomber, de tomber si bas que plus rien ne me retiendra. Et si je sautais la corde mal accrochée ? Je tomberai dans un vide sans fin. Je tomberais si bas qu'il sera impossible de me relever. La peur, l'angoisse toque à ma porte en prenant place en moi. Mon ventre se tord m'obligeant à fermer les yeux, à me concentrer sur ma respiration, sur moi.

La chambre semble plus sombre. Le soleil a disparu, il est l'heure de descendre rejoindre tout le monde pour notre dernier dîner. La grande table est recouverte d'une nappe blanche en soi avec une orne de bouquet de fleurs accompagné de grands chandeliers dorés. Ils ont sorti les grands plats. Les assiettes ont une légère dorure sur les contours dans le but de montrer sûrement notre richesse. Plusieurs plats typiques italiens et françaisétaient disposés au centre, ayant pour but de satisfaire tout le monde. Chacune d'une assiette à une petite serviette pliée de manière parfaite.

Tout semble parfait et à sa place.

Et tout le long du repas, cette idée de perfection plane. Les rires résonnent dans les pièces, chaque visage est accompagné d'un sourire sincère. Le sourire d'Alexandre m'encourage à lui dévoiler mes sentiments, à me préparer pour sauter.

Ce soir je me glisserai dans son lit, comme les autres soirs. C'est à ce moment que je lui dévoilerai mes sentiments. Je le ferai.

Ce beau moment parfait est interrompu lorsque le père d'Alexander prend la parole:

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant