L'ambiance est lourde, déjà le lieu lui-même est pesant, imposant. Riley est assise à côté de Maître Adamson et je suis assise juste derrière elle. Dans deux boxes séparés sont menottés Deborah et James Spielman. À l'autre bout de la salle, est assis Tucker. Sa présence dans le palais de justice a causé un certain émoi. Sa montée des marches a été remarquée.
Riley ne le regarde pas, son regard est fixée sur l'homme et la femme, aucun des deux ne soutient son regard. Ils gardent la tête baissée.
À l'entrée du juge dans la salle, tous se lèvent à la demande du constable.
« Restez assise, je vous en prie, Mademoiselle », compatit le juge alors que Riley prend appui sur la table et se lève en grinçant des dents, sous l'œil des caméras.
« Se lever est une marque de respect pour la fonction, Monsieur le Juge », affirme ma fille, d'une voix claire, gardant l'équilibre en se maintenant à la table en tremblant. Néanmoins, elle prend appui sur le bras de notre avocat pour pouvoir s'asseoir.
Nous écoutons la plaidoirie de Maître Adamson, quasiment tout est dans les médias, mais il martèle les faits, promettant d'enfoncer le clou. L'avocat de la défense, un avocat commis d'office, tente de limiter la casse, revient sur l'histoire entre Riley et Tucker, parle du lynchage médiatique qui ne laisse aucune chance à ses clients à un jugement partial. Une fois les présentations des plaidoiries faites, le juge rappelle qu'au moins un de ses clients est accusé de complot en vue d'un assassinat et que le cas ici, est une action au civil, intentée par Riley, qu'il n'est pas question d'une action au criminelle pour le moment.
Nous écoutons Lori témoigner, celle par qui tout a été révélé grâce à son travail journalistique. Surprise, nous écoutons l'ancien lieutenant de police Rosenberg, des voisins, des enseignants. Tous décrivent Deborah comme une femme prête à tout pour que son fils entre dans une prestigieuse université, à l'ambition maladive, malgré des résultats scolaires passable. L'avocat de la défense en profite, accusant Riley d'être une distraction pour Tucker, parce qu'elle n'a pas besoin de forcer pour étudier, étant une des meilleures élèves de l'école. L'indignation se fait entendre, vite maîtrisée par le juge.
À la pause déjeuner, je conduis Riley dans une salle qui nous est réservée où nous grignotons en silence avant un arrêt par les toilettes puis le retour en salle. Notre avocat fait défiler de nombreux témoins qui sont contre-interrogés sans que cela change quoi que ce soit. Personne ne s'occupe de Tucker qui reste dans son coin sans bouger. À la fin des plaidoiries, le juge regarde Riley.
« Mademoiselle, Madame Spielman aurait une déclaration à faire. L'y autorisez-vous ? Ce n'est pas une obligation, vous pouvez refuser. Elle m'a été communiquée durant la pause, je l'ai lu.
— J'accepte, Monsieur le Juge. »
Deborah se lève à moitié, coincée par ses menottes, se penche pour regarder Riley. Elle a maigri, pali. Elle semble avoir vieilli de dix ans.
« Je m'excuse, Riley. J'ai tant voulu que Tucker soit à ton niveau que j'ai fait n'importe quoi. Je savais que ce serait difficile pour lui et j'ai perdu de vue l'essentiel. Je sais que c'est impardonnable, et j'en souffre à chaque seconde. Je m'excuse, Taylor. Merci de m'avoir écoutée. »
Riley n'a aucune réaction et se tourne vers le juge pour la suite.
« À la requête de Mademoiselle Riley Price-Hamilton, je condamne la famille Spielman à lui verser un dollar à titre de préjudice moral. »
Un brouhaha de surprise s'élève puis s'estompe à coups de maillet sur le pupitre du juge.
« À titre de préjudice physique, je condamne la famille Spielman à verser à Mademoiselle Riley Price-Hamilton une indemnité de cinq millions de dollars. Constable, faites sortir les accusés. »

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Faceless
Gizem / GerilimQuand Riley Price-Hamiltion, seize ans, se fait arrêter par la police un beau matin et se retrouve au milieu d'un cercle médiatique, elle ne se doute pas qu'elle ignore tout du passé de sa mère. Taylor Price est loin d'être la la mère au foyer qu'el...