Je passe une nuit blanche, me rongeant les ongles en imaginant Riley être dans le même état que moi. Je ne cherche même pas à parler à Debbie, j'ai l'impression qu'elle n'a pas conscience de ce qu'elle a fait. Elle doit s'imaginer que ma fille, une fille qu'elle connaît depuis huit ans, qu'elle a vu grandir, qui venait jouer chez elle, regarder la télévision avec son fils, est dans une cellule tout confort au poste de police. Qu'un policier va lui faire la grosse voix, lui taper sur les doigts et qu'elle va rentrer à la maison aujourd'hui. Alors que le jour se lève, je me regarde dans le miroir, j'ai une sale gueule, j'ai l'impression d'être une droguée avec mes yeux rouges et mes cernes, mais je m'en fiche complètement de mon apparence, tout comme des vêtements que j'attrape dans ma penderie. Je prends la route en suivant les indications du GPS. Je suis supposé aller au travail. Je vais me faire renvoyer après deux jours, mais j'ai autre chose en tête. Je trouverais un autre travail ailleurs. De toute façon, je vais mettre la maison en vente, il est hors de question que je reste vivre à côté de celle qui a envoyé ma fille en prison, la côtoyer tous les jours, la voir depuis mon jardin. C'est fini. Je dégagerai un bon profit, je trouverai un appartement, et Riley pourra aller à l'université, si c'est encore possible.
Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre en me garant sur le parking du centre, mais certainement pas à des mères qui discutent entre elles commes des copines, plaisantant, alors qu'elles viennent voir leurs garçons ou filles qui sont emprisonnés. L'une d'elle me salue, me propose du café en me montrant sa bouteille thermos.
« Premier jour ? », demande-t-elle, avec un sourire compatissant. Je réponds en hochant la tête. J'essaye de m'imaginer pour quelles raisons les enfants sont là-dedans. Mais c'est indiscret pour le moment. Lorsque l'heure des visites approche, je me mets en ligne et suis les autres mères. J'ai l'impression qu'elles essayent, à leur façon, de rendre leur visite moins dramatique en appelant des gardiens par leurs prénoms, ce qui m'apprends surtout que pour certaines, leurs enfants sont là depuis un moment et qu'à leur majorité ils seront peut-être transféré à la prison du comté ou dans un pénitencier fédéral, selon la gravité de leur crime. Je m'assois à une table et j'attends que Riley arrive, anxieuse. J'ai une boule à l'estomac en voyant les premiers entrer dans la salle, avec leur tenue orange. Lorsque la porte se referme, Riley n'est pas encore là. J'attends, me demandant ce qu'il se passe. Les minutes défilent, et toujours pas de Riley. Lorsque la fin des visites sonne, j'essuie une larme me demandant si elle a honte pour refuser de me voir.
« Excusez-moi, ma fille a-t-elle été prévenue que j'étais là ? », demandais-je à un gardien au bureau d'accueil.
« Quel nom ?
— Riley Hamilton. »
Je le regarde lire son écran avant de me fixer, je peux jurer voir un sourire sur ses lèvres.
« Elle est à l'isolement, donc pas de visite.
— À l'isolement, mais pourquoi ?
— Refus d'obtempérer et résistance. Pour son bien, elle a été placée à l'isolement.
— Sur quelle autorité ?
— Le règlement.
— Je vois, vous avez bafoué ses droits constitutionnels.
— À partir du moment où votre fille est ici, elle n'a plus de droit, et elle doit se plier aux règles.
— Et vous êtes fier de vous, j'en suis sûre, agent... Scott », lisais-je sur son badge.
Je m'adosse à ma voiture, appelant la policière responsable du dossier de ma fille.
« Quand ma fille va-t-elle sortir de cet endroit ? », demandais-je directement. « Vous savez que ses geôliers l'ont mise à l'isolement et que je n'ai pas pu la voir ?

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Faceless
Misterio / SuspensoQuand Riley Price-Hamiltion, seize ans, se fait arrêter par la police un beau matin et se retrouve au milieu d'un cercle médiatique, elle ne se doute pas qu'elle ignore tout du passé de sa mère. Taylor Price est loin d'être la la mère au foyer qu'el...