Faceless

Chapitre 29

La première dame vient me serrer la main en me remerciant au nom de son mari et de la nation reconnaissante avant de glisser une médaille dans ma main.

« Malheureusement, personne ne doit être au courant, mais ceci aurait dû être fait il y a plus de vingt ans. Merci pour tout, Madame Cobbs.

— Merci de ce que vous faites pour ma fille. Mettre sur pied cette Fondation lui tient tellement à cœur, Madame.

— Et c'est compréhensible. Ah, c'est l'heure de mon petit discours. Nous allons faire entrer de l'argent dans cette Fondation, dites à Riley de ne pas hésiter à utiliser le nom de ma Fondation, je soutiens sa cause, j'en ferai l'annonce dans un message qui sera posté sur le site de la Fondation. J'agis hélas en mon nom personnel, pas au nom de la Nation, mais votre fille va faire avancer les choses à son niveau. »

J'écoute la musique qui finit par s'estomper puis, retrouvant Riley, Maddison, Jane et Lori qui s'est déplacé pour l'occasion, j'écoute la Première Dame parler de Riley, de son passé, de ses combats, puis elle présente la Fondation, son but, avant de s'arrêter.

« Mais je crois que celle qui est la mieux placée pour en parler c'est Mademoiselle Riley Price-Hamilton. »

Un spot éclaire soudainement Riley qui reste figée sur place, les applaudissements de toute l'assemblée la rendent nerveuse.

« Parle-leur comme tu parlais aux journalistes » lui souffle Lori en posant sa main sur la sienne. « Tu en es capable, tu le sais et je le sais.

— Merci, Lori.

— Je serai toujours là pour toi. »

Riley se lève et s'avance, serrant la main de la Première Dame en s'inclinant.

« Merci, Madame la Présidente. Mesdames, Messieurs, bonsoir. Madame la Présidente vous a dressé un portrait de mon parcours, je n'y reviendrai pas. Je vais me concentrer sur mon projet de vie, cette Fondation, et les raisons qui m'incitent à la créer. Vous savez ce qu'il m'est arrivé, et j'ai pris conscience lors de mon passage dans ce centre de détention que... »

Riley est articulée, brillante. Tous l'écoutent, subjugués. Elle convainc tous ceux qui sont réunis, sans exception. Elle parle sans rien n'avoir préparé, sans prompteur, son discours est simplement parfait. Retourné à table, alors que la Première Dame reprend le micro et continue de parler de la Fondation, de justice, de droits, Riley récupère une quantité astronomique de cartes d'affaires, certains remplissent et signe des chèques émis au nom de la Fondation, d'autres proposent leurs services, leurs conseils, des ressources, plusieurs lui fixent des rendez-vous. Son agenda se remplit, des rendez-vous sont même programmés pour le lendemain matin. Rien qu'avec les chèques qu'elle a en main, elle dispose d'un supplément au capital conséquent. L'un des participants s'agenouille pour lui parler en toute discrétion, se renseignant sur son compte en banque. Avant de lui donner sa carte, il s'agit d'un des directeurs de la banque où nous avons nos comptes, bien que notre agence soit à Los Angeles. Il sourit quand elle lui dit candidement, lui promettant de l'aider avec les formalités bancaires, mettant à sa disposition son meilleur conseiller.

Nous applaudissons tous la Première Dame quand elle a terminé son discours et qu'elle s'en va, non sans traverser la salle pour serrer la main de Riley.

« Nous nous reverrons, Mademoiselle, j'aime votre esprit et vos valeurs. Étrange, lorsque l'on connaît le passé de votre mère » la taquine-t-elle en lui faisant un clin d'œil. « Vous êtes une héroïne, comme elle. À bientôt, Riley. Mesdames. »

La maison me semble bien petite, malgré sa taille. J'ai laissé ma chambre à Lori, Jane dort avec Riley, je dors avec Maddison. Luke, lui, dort avec le chiot de Lori. Nous sommes à l'étroit mais nous sommes bien, et l'ambiance au petit déjeuner le lendemain ressemble à une série télévisée des années quatre-vingt ou quatre-vingt dix. Nous sommes nombreux autour de la table, c'est bruyant, mais cela ressemble à une famille, faisant éclater de rire Riley.