Faceless

Chapitre 32

J'observe le pénitencier fédéral depuis l'écran de mon ordinateur, allant de caméra en caméra, remontant certains enregistrements afin d'observer Blair. Il semble avoir pris ses aises en prison et dirige un petit groupe d'hommes. Deux sont d'anciens collègues, les autres sont des mouches venues s'agglutiner autour d'une pseudo lumière. Je prépare des fiches, les trois anciens collègues doivent payer, les autres iront papillonner ailleurs. Les fiches anthropométriques, les rapports de police, d'incidents, me donnent mes potentiels candidats. L'un d'eux est plus prometteur que les autres, il a deux enfants, ils font quelques conneries, mais rien de grave pour l'instant. Eux, si l'on peut les sortir de la rue, ce sera déjà une victoire. Ils vont encore à l'école mais leurs notes commencent à baisser. Il faut les sortir de leur quartier, et qu'ils coupent les ponts avec leurs amis qui sont déjà dans des gangs. Leur mère travaille sur deux quarts et n'a pas le temps de s'en occuper. Moi oui.

J'accompagne Riley en cours, Luke s'occupe des filles puis il me rejoint au bureau. Sa présence intrigue mes chouchous, nous nous ressemblons un peu, et comme je n'ai officiellement pas de frère, elles se questionnent. Je les regarde sans rien dire, me contentant d'un clin d'œil. Luke est impressionné. Dire que je suis la Directrice de l'antenne New-yorkaise de la NSA et le voir c'est autre chose. Luke m'écoute lorsque je lui présente mon plan, qui il doit rencontrer et ce qu'il doit lui proposer, il doit ensuite aller rencontrer la mère des deux enfants de notre marteau-piqueur, Little John, lui proposer un nouvel emploi plus payant, un nouveau logement, et l'inscription des enfants dans une nouvelle école sans gang dans les environs. Je lui remet le dossier avec tout ce que j'ai préparé. Si elle dit oui, son mari dira oui, et j'allongerai un peu d'argent sur un compte pour les études des enfants. Je ne peux rien faire pour leur père, il a été reconnu coupable de meurtre et ne l'a pas nié, difficile de le faire alors que plusieurs personnes te filment en train de fracasser le crâne d'un homme à coups de poing, même si celui-ci le méritait.

« Et si elle dit non ?

— Quelle mère dirait non à une chance de voir ses enfants dégager de ce quartier et d'avoir une chance de vivre ?

— D'accord.

— J'aurais tes faux papiers demain. Étudie le dossier, tu dois le connaître par cœur. Parle à Little John, fait lui la proposition ensuite la mère. Elle travaille de midi à minuit. Rencontre-là avant qu'elle ne parte au travail, sinon tu devras la voir sur son lieu de travail durant sa pause déjeuner à dix-sept heures. Le lendemain, retourne voir Little John avec la réponse. Sa femme devra te dire connu d'eux seuls ou te donner un objet personnel, ce sera la preuve que tu lui as parlé. Pour les viol, s'il ne veut pas le faire, il peut déléguer à une de ses connaissances, plusieurs ce serait mieux. Je veux que Blair souffre.

— Très bien. J'attends les papiers et... »

Luke s'interrompt à la seconde où la porte s'ouvre après que Jewel ait frappé deux fois.

« Excusez-moi de vous déranger, j'ai une information concernant... le dossier Flowers.

— Entre et referme derrière-toi, Jewel. Je te présente Luke, mon frère.

— Enchanté », sourit Jewel.

« Moi aussi. Je vais vous laisser.

— Reste. Ça concerne les fleurs livrées à la Fondation pour Riley.

— Bien, j'ai remonté la piste vidéo. Un selfie ici et là, une caméra de sécurité de magasin. La totale. J'ai quadrillé le secteur puis j'ai élargi la zone. Voici ce que j'ai trouvé. » annonce-t-elle fièrement en posant son ordinateur sur mon bureau. Luke décale sa chaise pour regarder aussi, très intéressé. Nous suivons l'inconnu, capuche sur la tête à travers différentes images. Il ne nous faut pas longtemps pour noter un changement. L'individu se tenant légèrement courbé se tient bien droit quelques minutes plus tôt. La dernière image que l'on voit est explicite. De longs cheveux encadrent son visage, il a un début de barbe, il est loin de la barbe de trois jours, mais ses quelques poils sont visibles.