Chapitre 15

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En conduisant, je vérifie mon rétroviseur à chaque seconde, afin de vérifier que nous ne sommes pas suivies. J'ai préprogrammé, en appel rapide, le numéro des affaires internes de la police et j'ai glissé la carte d'affaires dans mon pare-soleil. Je suis prête pour chaque voiture et moto de police que je croise. Je n'attends que ça en fait, je suis même tenté de rester moins de trois secondes à un stop, juste pour voir. Mais rien, je me demande s'ils ont reçu des consignes. Faire nos courses ensemble nous fait du bien, Riley se déplace en fauteuil et profite de la sympathie des gens qui la laissent passer, l'aide quand elle veut prendre quelque chose sur une tablette.

Je l'observe sur la route du retour, regardant au loin.

« Ça ne va pas, n'est-ce pas ?

— Est-ce que l'on peut aller à New York, voir la maison et faire une offre ?

— Oui, bien sûr. L'avocat m'a expliqué que nous ne sommes pas obligées d'être présentes dans un premier temps, mais tu devras témoigner au procès. Le contre interrogatoire sera difficile, les avocats chercheront à te déstabiliser, à démontrer que ce qu'il t'est arrivé est de ta faute.

— Ma parole contre la leur.

— Oui, mais le jugement du juge apporte du poids à ton dossier. »

Le flash d'information nous interrompt alors qu'un reportage de Lori vient d'être diffusé. Elle dévoile dans le détail le trafic du directeur du centre de détention, les travaux effectués sur sa maison grâce à des factures pour du matériel pour la prison, des prisonniers forcés d'effectuer ces travaux. Le directeur n'a aucun commentaire à émettre, mais Lori ne le lâche pas, factures en main, permis de construire, photographie de la zone supposée de travail des prisonniers. Le comté n'a d'autre choix que de mettre le centre de détention sous tutelle, le temps d'une profonde enquête sur ce qu'il s'y déroule. Je décharge les courses lorsque Lori m'envoie un message, m'informant d'écouter le journal de dix-huit heures.

Nous travaillons ensemble, aider Riley avec ses devoirs me fait plaisir. Je ne suis plus dans la partie depuis longtemps, mais nous parlons en français, je la fait pratiquer son arabe et son chinois. Elle ne cherche pas à savoir pourquoi je parle ces langues mais elle me sourit. Je la soupçonne de croire que j'étais un genre de James Bond. Je la laisse finalement faire ses propres recherches pour se maintenir à niveau dans son champ d'études, la gestion et la finance avant d'apporter notre plateau repas et d'écouter les nouvelles. Nous écoutons Lori reprendre le dossier du centre de détention, avant que je me vois questionner ce qui se passe derrière les murs puis nous voyons une silhouette floutée, la voix modifiée électroniquement, raconter son passage derrière les murs de l'établissement. Quelques minutes plus tard, des journalistes faisant le siège devant la maison du directeur en la filmant nous font entendre un coup de feu, des policiers forçant l'entrée avant d'appeler les secours. Lori, le regard grave, écoute les informations qui lui sont transmises en direct dans son oreillette, avant de reprendre la parole. Le directeur s'est suicidé.

Ni Riley ni moi ne versons de larmes, nous nous contentons d'un câlin avant que je prenne une décision, lui tendant mon téléphone contenant aussi ma carte de crédit.

« Réserve-nous un billet d'avion, et cherche un hôtel, je monte faire nos valises. Vérifie la météo, ce n'est pas la même température, dis-moi s'il faut que je prenne des pulls.

— Et pourquoi pas des bottes et nos bonnets. Ce n'est pas le Canada quand même. Il fait bon à New York, regarde, demain ils annoncent 26°. Tu as raison, prends des pulls ! Ah non, attends, c'est des Celsius. » rigole-t-elle.

En redescendant, je vois Riley au téléphone avant de le poser sur le coussin à ses côtés.

« Lori t'embrasse. Je l'ai remercié pour le reportage et pris de ses nouvelles de notre part.

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