Chapitre 25

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Tous regardent l'écran alors que je lance une simulation. Je fais craquer mes doigts et les place au-dessus du clavier, tel un pianiste à un concerto. Je lance une simple commande dans Dir command, afin d'afficher les fichiers cachés, un truc de base, à la portée d'un enfant de huit ans.

dir /h

La simulation est édifiante, tout s'effondre. Pour un programme qui doit disparaître, je le trouve un peu visible, et au son des soupirs derrière moi, je n'hallucine pas. Notre programme fantôme scintille comme un sapin de Noël. Il est tellement visible qu'Ahriman devra modifier le contraste de son écran ou porter des lunettes de soleil.

« Bordel de merde ! Il faut vérifier chaque ligne de code, voir où ça merde ! Rentrez chez vous, barrez-vous ! Payez-vous une bonne bouffe, une pute, battez votre record à un jeu vidéo, allez prier sur la tombe de qui vous voulez, mais demain, je vous veux avec l'esprit clair. »

Je sors de la salle de réunion fière de moi, à une époque, j'aurais jeté la tour du PC à travers la pièce, je me serais servi de la souris comme d'un fléau et je les aurais tous battu à coup de clavier jusqu'à ce qu'il n'y ai plus aucune touche dessus.

Tous sortent alors que je m'assois derrière le bureau, ouvrant le programme pour le vérifier. Du coin de l'œil, je regarde les membres de l'équipe prendre leurs affaires et partir. Je souris en éteignant tout, avant d'aller à mon bureau, allumant mon écran puis en entrant mon mot de passe. Je pianote rapidement, regardant le programme se lancer. Je le teste et j'en suis fière.

« Salut, Taylor. » chuchote une voix, une chaise roulant jusqu'à mon bureau.

« Salut Jewel. Tu n'es pas rentrée chez toi ?

— Non, je travaille sur une mission secondaire. Le programme semble fonctionner.

— Il est parfait.

— Alors c'était quoi cette comédie tout à l'heure ?

— Je me méfie.

— De moi aussi ? »

J'arrête tout pour la regarder.

« Tu es l'une des deux seules personnes à qui je fais confiance ici.

— C'est dur pour les autres, mais je te remercie. J'ai ce que tu m'as demandé.

— Tu as trouvé.

— Tu ne vas pas apprécier. Il me faut un truc sucré, on sort pour en discuter ? »

Je regarde Jewel avaler un lait au chocolat avec une pâtisserie puis, quittant la boutique, nous marchons et elle me raconte ce qu'elle a découvert. La voiture a été retrouvée incendiée dans Harlem, mais elle a réussi à reconstituer le visage du conducteur. Le logiciel de reconnaissance facial de la NSA a donné un nom, une recherche d'antécédents dévoilant que l'homme est fiché, arrêté par un agent que je connais. Jewel a fouillé les appels téléphoniques, les messages, le compte en banque, du conducteur et du commanditaire.

« Je suis désolée, Taylor. »

D'apprendre qu'un agent qui a eu une commotion cérébrale par ma faute m'en veuille n'a rien d'étonnant, mais qu'il fasse tuer mon mari, ça, ça m'emmerde un peu. Ce qui me fait vraiment chier c'est qu'il est décédé depuis plus d'un an.

« Merci Jewel.

— Je t'en prie.

— Repose-toi ou amuse-toi, tu l'as mérité. Demain, joue le jeu pour le programme.

— D'accord, mais je n'ai pas fini.

— Comment ça ?

— J'ai des échanges de message, quelqu'un l'a soutenu et même encouragé, lui donnant des informations sur les déplacements de ton mari.

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