Épilogue

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« Mesdames et Messieurs, bonsoir. Je me présente, Riley Price-Hamilton, et je vous souhaite la bienvenue à ce premier gala de la Fondation Jane Doe. »

Derrière Riley défilent des photographies, des témoignages écrits, des graphiques, des chiffres. Riley parle sans lire de téléprompteurs, parle des gens apparaissant sur les photographies, elle lit des témoignages, donne des résultats aux investisseurs sur les un an de la Fondation.

Riley a énormément appris durant un an, tant à l'Université qu'à travers tous ses contacts. Elle a lancé sans aide son premier gala, allant chercher du financement supplémentaire, mais surtout des promesses d'association. Ma fille va sur ses dix-huit ans, elle est épanouie, bien plus femme et mature que la dernière fois, lorsque Madame Jacobson l'avait présentée. Jane a préparé toute l'infographie, Maddison le coup de pouce nécessaire pour l'organisation de son discours.

« J'aimerai vous présenter une de ces statistiques afin que vous puissiez mettre un visage dessus et voir l'aide que nous avons été à même de lui apporter. Ashley Miller. »

Riley applaudit tandis qu'un spot éclaire Ashley qui tourne la tête vers Maddison, déposant un rapide baiser sur ses lèvres avant de se lever et de rejoindre Riley sous les applaudissements.

« Bonsoir. Je m'appelle Ashley et je suis une victime. »

Ashley raconte son expérience puis son arrivée à New York. Je regarde autour de moi, l'émotion est intense. Certaines femmes se tiennent le ventre alors que Ashley parle de la perte de son fœtus. Puis c'est la rencontre avec Riley, avec moi, avec Sheridan, les portes qui lui ont été ouvertes. Sheridan pleure doucement, je lui tiens la main alors que Ashley insiste pour qu'elle se lève sous les applaudissements.

« Sheridan a beaucoup fait, son implication a été un moteur. D'autres victimes ont pu profiter du programme mis en place par ses confrères et elle, et sont aujourd'hui soit encore en formation, soit des employés. Nous avons ouvert d'autres programmes à l'aide d'autres partenaires, en comptabilité, en commerces, en mécanique. » continue Riley alors que Ashley retourne s'asseoir, embrassant tendrement Maddison.

« Bien évidemment, si vous avez été invité ce soir c'est pour deux raisons », rigole Riley, « le financement est une part importante de notre fonctionnement, afin de payer les salaires des employés, mais j'ai également besoin de vos réseaux, de vos entreprises, de promesses de formation et d'emploi. Ashley est la preuve d'une reconversion sociale réussie comme d'autres, qui préfèrent garder l'anonymat car les blessures sont encore là. Le manque de confiance en soi en société est une barrière difficile à briser. Ashley est une exception, elle franchit seule les portes de la Fondation en prenant son courage à deux mains. Comment ? Elle a puisé la force dans une image, qu'elle a vu dans les médias à Los Angeles, celle de ma mère se battant pour moi. Elle a vu une femme se battre contre le système sans baisser les bras et Ashley a traversé le pays pour la rencontrer. Merci à vous, profitez de la soirée, messieurs, musique ! »

Riley quitte la scène sous les applaudissements et fait le tour des tables, serrant les mains, discutant avec tout le monde.

« Bon, je vais y aller aussi, maman. Tu restes avec Ashley ?

— Bien sûr. »

Je regarde Maddison se lever, se présenter. Ces derniers mois, elle s'est énormément impliquée, devenant la voix de la Fondation. Comment est-ce arrivé entre Maddison et Ashley ? Je ne l'ai pas encore compris, je les ai juste trouvées un soir en rentrant en train de s'embrasser. Un baiser innocent. Elles ne couchent pas encore, mais Ashley aime Maddison, tout simplement, elle est incapable de l'expliquer. Cela a probablement à voir avec nos soirées théâtre, Maddison a sorti Ashley de sa coquille.

Chose étrange, Luke a déménagé, s'installant chez Jewel, donc j'ai récupéré Jessica à la maison pendant un temps, le temps qu'elle trouve un appartement, pas trop loin. Pour une raison obscure, elle s'est attachée à Maddison, veillant sur elle comme sur une sœur.


Ma vie va vraiment bien, tout est parfait ! souriais-je en regardant par le hublot alors que l'avion finalise sa descente puis touche le tarmac. J'attends que le signale me donne l'autorisation de détacher ma ceinture pour me lever et récupérer mon bagage.

« Allez John, bouge ton cul ! » dis-je en donnant un coup sur son épaule en passant. « Merci les gars », saluais-je en passant la tête dans le cockpit.

Je sors, descendant l'escalier du jet privé, respirant l'air, avant de voir plusieurs voitures s'approcher et s'arrêter non loin, un homme ouvrant sa fenêtre pour me parler en anglais avec un accent français.

« C'est vous qui commandez ?

— Oui », avouais-je humblement.

« Bonjour Madame Smith.

— C'est moi, Smith » grogne une voix dans mon dos.

« Ne faites pas attention à lui, c'est le bagagiste, il est grognon quand il est mal réveillé », expliquais-je en français. « Appelez-moi Taylor. Alors, vous avez un problème ? Qu'est-ce qui justifie que l'on me réveille à six heures du matin pour me coller dans un avion direction la France ? Si c'est une blague, il y a quelqu'un qui va en prendre plein la gueule !

— Nous avons un souci informatique, et nous n'arrivons pas à le résoudre.

— Moi vous savez je roule encore sous Windows 95, je ne sais pas si je suis qualifiée. Mais bon, montrez-moi ça. Smith, avec moi, les autres vous avez quartier libre ! Alors, vous êtes qui vous ? Dites-donc Smith, qu'est-ce que la CIA fout en France au fait ? »

Putain, une chance que j'ai pris un café et un bagel dans l'avion avant d'atterrir.


Fin

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