Chapitre 20

126 18 0
                                    

Je suis moyennement rassurée en regardant Riley monter derrière Jane, puis passer ses bras autour de sa taille, bien que celle-ci me confirme une dernière fois qu'elle va prendre soin de ma fille, me donnant son numéro de téléphone, j'ai des inquiétudes. Une fois partie, s'insérant dans la circulation, je fonce dans mon bureau pour reprendre ma programmation. Dans la journée, j'ai acheté un nouvel ordinateur, quelque chose de puissant pour finir par réussir à transférer mon algorithme dans sa nouvelle maison. Paul Bunyan s'installe, prend ses aises avant de découvrir ses nouvelles possibilités. J'entre les nombreux paramètres que m'a donné Riley. L'université, des forums de discussion, des réseaux sociaux, la même chose du côté de son frère, les employeurs de leurs parents. Tout ce que nous avons pu récolter, mon bébé se chargera du reste. Je crée de nombreux dossiers afin qu'il y dépose les informations qu'il récoltera. Et j'appuie sur ENTER.

Bébé est beaucoup rapide, les données entrent rapidement avant de ralentir, le temps de craquer des mots de passe plus sécurisés, puis les dossiers continuent de se remplir. Je commence à regarder ce qu'il a trouvé et mis dans le dossier photographies. Je ne vois rien de particulier, sinon une fille qui aime sa ville et la photographie sous tous les angles. Je pense qu'elle s'en sert de trame de fond pour la conception de décors pour ses jeux. Je la regarde dans des soirées à travers des photographies prises par des amies, elle n'a jamais de verre en main, pas plus sur des photographies à table. Si plusieurs ont des bouteilles de bière près d'eux, bien qu'ils ne soient pas en âge de boire de l'alcool, Jane n'en a jamais. Ce qui m'étonne ce sont les photographies où je la vois seule, dans un coin ou près d'une fenêtre. D'autres photographies entrent, Jane est toujours sobre, joyeuse avec ses amies, sinon c'est une solitaire. Ses bulletins de notes sont bons, pas seulement dans son champ d'études, dans d'autres matières aussi. D'un seul coup, Jane me plaît. Le frère a de bonnes notes lui aussi, mais c'est clair que c'est lui le fêtard du duo. C'est un sportif, mais surtout de beer pong. Je le vois en photographie avec plusieurs filles, des filles différentes. Je suis rassurée, il n'a aucune chance avec Riley. Je ne trouve aucun squelette caché. La mère, Sheridan, est associée dans son entreprise de décoration intérieure et elle est bien côté. Maxwell, eh bien c'est de la finance. Il n'a pas fait de prison pour fraude donc je suppose que c'est bien. J'arrête Paul Bunyan et modifie ses paramètres, lançant une recherche préliminaire sur un dossier délicat. En attendant, je regarde encore les photographies de Jane. C'est comme si elle compensait l'exubérance de son frère par son côté réservé.

Ça sent le coup de foudre.

Je referme le dossier de nos voisins pour me concentrer sur celui de Carter. Bien des choses me sont inaccessibles, il s'est écoulé des années. J'aurais dû enquêter à l'époque, mais je n'avais pas de raison de me méfier, nous n'étions personne. Bébé ne trouve rien et c'est normal. Je dois lui donner plus d'informations. Je m'installe dans le canapé, regardant la petite pluie qui tombe, pensive, pour finir par poser la main sur un dossier, puis par le prendre en main.

Je souris en le feuilletant.

Tu m'étonnes qu'ils n'ont rien compris.

Je traquais Ari depuis mes seize ans, je pensais comme personne ne pensait autour de moi, ils avaient entre dix et trente ans de plus que moi, c'était déjà une autre génération. Et ceux d'aujourd'hui n'étaient même pas nés lorsque j'étais en Iran. Je regarde mes notes, même moi j'ai du mal à me comprendre et c'est tout à fait normal. Mes notes sont un origami. Personne n'a jamais compris, j'avais pourtant laissé suffisamment d'indices.

Un pigeon.

Je prend la page concernée et la plie, avant de sourire en voyant les données essentielles apparaître. Je tape les mots clés sur un site d'information très répandu dans le monde arabe, avant de laisser un message personnel « Comment vas-tu, Ari ? ».

FacelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant