8. Incendie

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- Et tu dessines quoi ?

- Des films d'animation pour le cinéma, des dessins animés pour les gosses qui passent à la télé, des trucs dans le genre.

- Oh c'est trop chouette ! Cite m'en quelques-uns, que je voie si je les connais !

- Amytalie ? Macha et le python le magique ?

- Ça me dit rien, désolé !

- Chapardeur ?

- Oh oui bien sûr ! C'est toi ? C'est énorme !

M. Finet, le blond aux cheveux longs de la dernière fois est revenu au bar en tout début de soirée.

Il s'est assis au comptoir il y a une heure ou deux et depuis, on discute.

Enfin, c'est plutôt lui qui me pose tout un tas de questions et comme il n'y a pas grand monde dans le bar ce soir à la veille de réveillon du jour de l'An, j'ai plutôt du temps pour lui répondre.

Devant lui, un verre vide qui, il y a quelques minutes encore, était rempli d'un cocktail à base de gin et de fleur d'oranger. Il m'a encore demandé de le surprendre en lui faisant quelque chose de mon invention. Il a aimé

Alors il m'a réclamé un deuxième verre. Différent du premier. Le client de la chambre 100 n'est pas du genre à boire toujours la même chose. Là, c'est la 3e fois qu'il me lance :

- Surprends-moi, avec une voix sexy.

Alors une fois de plus, je le regarde dans les yeux pour essayer de deviner ce qui lui ferait plaisir. Il a bu les deux premiers verres plutôt rapidement. Il commence à être joyeux.

On décèle une petite flamme dans ses yeux, un petit amusement. Je décide de lui faire un punch exotique, ça colle bien avec son état.

- Refais Tom Cruise s'il te plaît, c'est trop drôle ! il rigole en dégainant son téléphone pour me filmer.

Il me compare au comédien américain dans le film Cocktail, un classique des années 80. Je suis habitué à ce qu'on me fasse des blagues ou des remarques par rapport à ce film. Alors je lui balance une réplique culte :

- "La chance s'envole, l'esprit s'décolle mais il nous reste la picole !"

Et je me mets à imiter l'acteur.
J'en fais des caisses, je le caricature. J'exagère tellement que ça fait rire le blondinet aux tâches de rousseur et, emporté par ma connerie, ça me fait rire moi aussi.

Je fais un tour sur moi-même et lorsque je reviens à ma place initiale, je sursaute en voyant deux yeux verts qui me fixent.

- Oh bonsoir... "Juste Styles" ! Je ne vous avais pas vu arriver ! je lâche en arrêtant de faire le con mais en conservant mon sourire.

Mon cœur s'emballe déjà.

Enfin là...

- Bonsoir, Louis, me répond le bouclé d'un air, non pas froid, mais plutôt distant.

Un air dénué de toute émotion. Son visage dépourvu de sourire. Le ton de sa voix dépouillé de chaleur.

Mon sourire se fane un peu. Je racle ma gorge pour m'éclaircir la voix et tire sur ma chemise pour retrouver un peu de professionnalisme puisqu'à sa façon de me parler, je comprends que c'est ce que le bouclé attend de moi...

Et le client est roi.

- Vous prendrez comme d'habitude, M. Styles ? je demande poliment, rangeant aux oubliettes nos petits surnoms de la semaine dernière qu'il a visiblement oubliés.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant