17. Baboum

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Ce vendredi soir, c'est la folie au bar. Il n'y a pas forcément plus de clients mais Liam est malade donc je suis seul pour m'occuper du bar et de la salle. J'ai pris mon service à 18 heures et je cours partout depuis maintenant près de quatre heures.

Tant mieux, ça m'évite de trop regarder en direction des vastes portes d'entrée du bar à la recherche d'un grand bouclé qui ferait son apparition.

À chaque demi-heure qui passe, mon estomac se noue un peu plus.

Et s'il flippait à nouveau ? S'il avait disparu, une fois de plus ?

******

On s'est quitté samedi dernier, dans la matinée. Pendant qu'il était sous la douche, j'ai refait le bilan de la soirée.

Sur le papier, ce n'était pas très glorieux : on avait franchi la limite, celle qui venait de faire, de nous, deux salauds. Un mari volage et un amant sans scrupules.

Mais sur ma peau, le souvenir de ses doigts effleurant chaque centimètre carré m'amenait à une conclusion différente : je venais de passer la plus belle nuit de ma vie.

Pourtant, tandis que j'entendais l'eau couler, une petite musique me criait "cours Louis", "fuis".

Je pourrais dire que c'étaient les remords, la culpabilité, qui voulaient me pousser à ouvrir la porte de la chambre et à dévaler les quatre étages pour trouver de l'air frais en bas. Je passerais pour un mec plutôt bien, qui a juste fait une bêtise et qui la regretté aussitôt. Mais je ne ressentais pas vraiment ça.

Ce qui me donnait envie de prendre mes jambes à mon cou, c'était l'instinct de conservation. C'était du pur égoïsme. Je ne pensais pas à l'autre personne qui, quelque part, doit porter le 2e anneau, celui qui forme une paire avec l'alliance d'Harry.

Je voulais fuir et n'y songeais que pour moi-même.

Il était 8 heures passées de quelques minutes et j'avais encore l'impression que j'avais une chance de me sortir de ce bourbier sans trop d'égratignures.

Que tout cela resterait un beau souvenir. Quelque chose de tendre, mais juste un souvenir.

Qu'il suffirait de dire :

Merci M. Styles, ce fut une très belle nuit, je vous souhaite le meilleur.

J'étais naïf.

Parce que j'étais déjà foutu mais j'ignorais que j'allais vouloir d'autres nuits encore. Toutes celles qu'il voudrait bien m'offrir dans les semaines et les mois à venir.

Une succession de nuits et de séparations au petit matin.

La vie de rêve, hein ?

C'est quand la porte de la salle de bain s'est ouverte que j'ai compris. Je n'allais pas sortir en courant. J'allais rester. En dépit de tout. Juste pour lui.

Harry ne portait qu'une serviette blanche nouée autour de la taille et même si j'avais passé plusieurs heures à découvrir son corps, ma mâchoire a bien failli se décrocher.

- J'ai eu peur que tu sois parti, il a murmuré d'une voix grave mais douce comme du velours.

Comme s'il pressentait mon tourment. Comme s'il le partageait.

Son petit sourire timide, c'était comme une flèche décochée par un ange et qui percutait mon cœur.

Cette fois, c'est moi qui ai mis mes mains sur mon visage en grognant.

- Arrrgh, j'ai failli ! je lui ai avoué honnêtement en basculant en arrière jusqu'à ce que mon dos touche le matelas. Mais regarde-toi, comment veux-tu que je m'en aille moi maintenant ?

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant