25. Égoïste

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Vendredi 8 mars.

Il est 22 heures et je fais les cent pas nerveusement à l'extérieur de l'hôtel.

Je pourrais plaider l'erreur, le truc qui n'était pas prémédité, l'accident. Mais ça serait un énorme mensonge.
Je n'ai pas allumé de cigarette. Je sais très bien pourquoi j'ai fait ça. J'ai besoin d'avoir mes deux mains libres.

Un soulagement mâtiné de colère me traverse quand je vois Harry approcher.

- Ça v-

Il s'apprête à parler, mais je l'attrape fermement par son pull et le plaque violemment contre le mur avant de me jeter sur ses lèvres. Ses mains me réceptionnent au niveau de mes hanches et il me colle tout contre lui en lâchant un énorme soupir.

Voilà, j'ai fait mon choix. J'ai décidé que je serai le salaud, l'amant. Le mec qui couche avec un homme en sachant qu'il est marié.

Qu'on me jette la pierre, qu'on m'insulte, je m'en fous.

Il me manque, j'en crève à petit feu et j'ai décidé que c'en était fini de morfler.

Je le déteste de provoquer ça chez moi mais je veux ces lèvres, je veux ce corps, je veux ces mains partout sur moi, je veux me noyer dans le désir que j'ai pour lui.  Je le veux, lui, et venez pas me faire chier.

- Lou-Louis, essaie de temporiser le bouclé en parlant contre mes lèvres, mais je me blottis encore un peu plus contre lui et il gémit en sentant mon sexe tendu contre sa jambe.

Ses doigts se resserrent à l'arrière de mon jean, ses mains recouvrant mes fesses. Et il me soulève un peu pour bien coller nos bassins. Il me maintient comme cela tandis que je me retrouve sur la pointe des pieds.

Notre baiser est langoureux, affamé. Mon cœur s'affole et mes mains ne savent pas ce qu'elles veulent faire entre caresser ses joues de mes pouces, glisser dans ses boucles ou se faufiler dans son cou.

Je le transforme en joyeux bordel. Vous savez, comme lorsqu'on trace des tourbillons au stylo bille pour dessiner des cheveux bouclés. C'est mon Harry en cet instant.

Un peu brouillon. Un peu bouillant.

Il finit par lâcher mon jean mais c'est pour mieux nous faire basculer. Maintenant c'est mon dos qui cogne contre le mur et sa main droite se pose à plat contre la paroi, juste à côté de ma tête.

Une bouche désireuse file dans mon cou pour le dévorer et y laisser des baisers humides. L'autre main me maintient en place. Comme s'il craignait que je parte.

Tu n'as pas encore compris que je viens de céder ? De me céder moi. À toi. Cadeau trésor. Tu viens de gagner un amant.

Mes mains s'incrustent dans ses poches arrière et y plongent sans retenue appréciant ce que je sens sous mes doigts. Un frissons me galvanise et lorsque mes yeux s'ouvrent entre deux rushs de plaisir, c'est pour tomber directement sur le ciel.

Il est, à cette heure-ci, bien noir et quelques étoiles brillent ici et là. La lune est cachée par un nuage mais on la devine tapie juste derrière, un halo de lumière trahissant sa misérable cachette.

Cachés. C'est comme ça que nous allons poursuivre notre histoire. Peut-on d'ailleurs appeler ça comme ça ? Une histoire ? D'amour, de cul ? Une histoire sans lendemain. Juste le vendredi.

Résidus d'amertume dans la bouche. Vite faire passer le goût en retrouvant ses lèvres.

Et se concentrer sur les étoiles.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant