10. Bataille

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Je fume ma clope en sautillant sur place pour me réchauffer et range mon téléphone quand Liam arrive, lui aussi, devant l'hôtel.

- Prêt pour une nouvelle soirée coincé ici ? Dire qu'on va louper l'anniversaire de Brendon !

Je hausse les épaules.

- Je lui ai dit que j'essaierai de passer après le service, ils vont sûrement partir sur une nuit blanche.

Mon pote ricane doucement.

- Quoi ?

- Rien.

- Ben si, quoi ?

- On sait tous les deux que tu vas finir super tard... ou tôt demain matin. Tous les vendredis c'est la même histoire. Il veut rester avec toi, tu veux rester avec lui, et tu rentres chez toi à l'heure du petit-déj !

C'est établi entre Liam et moi. "Il" c'est M. Styles. Quand il dit "il", je sais de qui il parle. Et inversement.

- Mais j'te préviens, moi j'attends pas que vous ayez fini de roucouler !

- On ne roucoule pas !

Mon pote m'ignore et poursuit :

- T'auras qu'à me libérer, histoire que je file à la fête en éclaireur et après t'auras le champ libre !

- J'aurai le champ libre de rien du tout. Il ne se passe rien et il ne va rien se passer, je rétorque en frissonnant, des flocons commençant à rester sur mon sweat.

Liam sait que Chic type me fait craquer. Quand il a trouvé son portrait au milieu de mon carnet avec écrit "Lui", je ne pouvais plus trop nier.

Il a compris que, la semaine dernière, c'était un peu tendu entre nous. Mais je ne lui a pas raconté pour ce qu'on a fait à la fin de la soirée.

Je ne saurais même pas dire moi-même ce que c'était. Un rapprochement ? Un simple câlin ? Un au revoir ?

J'ai refait la scène des centaines de fois dans ma tête et, lundi, j'ai dit stop. J'ai arrêté d'y repenser, d'essayer de mettre des mots là dessus.

Je me suis convaincu qu'on avait volé ce petit moment et qu'il resterait un acte isolé. Un acte manqué.

Et que c'était mieux comme ça.

- Oui, il ne se passe rien entre vous, et moi je suis la Reine d'Angleterre !

Je jette mon mégot dans la poubelle la plus proche et d'une main, je balaie le rebord d'une fenêtre pour ramasser la neige qui a commencé à tomber sur la ville il y a une heure. Une petite boule se forme et elle atterrit en plein dans sa face.

- Enfoiré ! Y'a qu'la vérité qui fâche d'abord !

J'éclate de rire.

- Putain, je n'avais pas entendu cette phrase depuis l'école primaire Payno !

Lui redevient sérieux.

- Du coup, ça en est où vous deux ?

- Mais nulle part ! C'est pas comme si ça pouvait mener quelque part de toute façon et puis le chaud/froid comme la semaine dernière, non merci ! j'essuie ma main encore mouillée par la neige fondue.

- Tu sais très bien ce que j'en pense, hein...

Il me dit de lâcher l'affaire sinon je vais souffrir. Et de plutôt sortir avec Gabriel, M. Finet, le client qui me fait du rentre-dedans.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant