23. L'imposteur

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Flashback.

Vendredi 23 février (premier vendredi après leur discussion).

- Ça va aller ? me demande Liam alors qu'on est en train de se préparer.

- Faut bien... je réponds à voix basse, en me regardant dans le miroir.

J'ai l'air d'un zombie avec mes cernes qui descendent si bas et mordent mes joues.

Il y a une semaine, j'ai enfin osé affronter la vie d'Harry Styles. Je ne connaissais jusqu'à présent que le chic type qui venait dans mon bar et commandait toujours le même whisky.

Je connaissais son alliance aussi, comment ne pas la voir, mais j'ignorais l'histoire derrière. Maintenant, je ne peux plus faire comme si je ne la connaissais pas.

Mon chic type est marié, à un homme. Il est engagé dans une relation stable. Durable.

Il ne compte pas tout plaquer pour moi. Il me veut en tant qu'amant. Il m'a laissé la semaine pour y réfléchir.

Quand la porte de la chambre 428 s'est refermée entre nous, j'ai chialé comme un gosse avec cette putain d'impression qu'on était en train de se dire adieu.

J'ai fini par quitter l'hôtel et la cigarette que j'ai allumé à peine sorti n'a pas vraiment calmé mes nerfs. Mais je n'ai pas versé une seule larme de plus depuis cette instant là.

Mon cerveau semble bloquer toute émotion qui pourrait me traverser. Je suis comme anesthésié. Je ne suis pas triste. Je marche simplement à côté de mon ombre.

J'ai tout perdu. L'appétit. Le sommeil. Harry.

Je sais que je l'ai perdu. Parce que jamais je ne pourrais accepter cette vie là.

Je comprends qu'il n'ait que ça à m'offrir. Quelques heures de clandestinité. Il est en droit de ne rien vouloir changer à sa vie. De vouloir simplement essayer de me caler dans ce petit espace-temps que constituent nos vendredis soirs.

Et moi, je suis en droit d'accepter. Ou de refuser.

Je vais le refuser. Je ne suis pas ce genre d'hommes.

Je pourrais jouer au héros, dire que je pense à l'Autre, au mari. Mais ce n'est pas lui que je cherche à épargner. C'est moi. Égoïste jusqu'au bout.

Mais je ne me connais. Je vais m'attacher à Harry. Je le suis déjà. Idiot. Si je reste, rien ne me sera épargné : jalousie, manque, sentiment d'infériorité, de ne pas compter face à l'Autre, de n'être que le second choix, qu'une récréation. 

Je vais tout vivre, tout ressentir, tout dessiner. Des dessins noirs et froids.

Je n'ai pas les épaules pour ça. Ni pour baiser un mec chaque vendredi sans m'attacher. Ni pour m'attacher tout en ne réclamant rien en retour. Alors je vais arrêter.

******

- Bonsoir Louis...

Je relève la tête, étonné de voir Harry déjà là. Il est à peine 18 heures. Il se redresse sur son tabouret, comme pour se donner de la constance. Il est encore en costume, très élégant.

Je finis de nouer mon tablier dans mon dos de mes mains tremblantes et m'approche en ignorant le regard de Liam qui sait tout depuis quelques jours et qui a peur pour moi. Peur que je flanche.

- Bonsoir, M. Styles, je réponds le regard fuyant.

- Ça va ?

Sa question peut sembler anodine pour quelqu'un qui serait assis à côté de lui et l'entendrait. Mais sa façon de passer sa main dans ses boucles trahit la nervosité qui est la sienne. Le ton dans sa voix trahit quant à lui son attachement.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant