38. Sans alliance ?

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Deux petites lettres. Mes yeux sont rivés sur les deux petites lettres qui s'affichent à l'écran. "Vu".

Louis a ouvert mon message. Il l'a lu.
Et, depuis, il ne se passe rien. Pas l'ombre de petits points qui gesticulent, signifiant que l'autre est en train de répondre.

Si ça se trouve, le téléphone est déjà verrouillé, rangé au fond de sa poche, le message déjà effacé ou parti aux oubliettes. Mais quelque chose me dit que mon petit dessinateur tient toujours son smartphone entre ses mains. Alors je décide de lui écrire à nouveau.

De Harry
Il faut que tu le fasses...

J'inspire un grand coup et me mets à écrire frénétiquement. Je ne sais même pas si tout ceci a un sens.

De Harry
Me pardonner l'impardonnable. Je sais que j'ai merdé sur toute la ligne et que je t'ai fait du mal. Beaucoup de mal. Je te promets de passer le reste de ma vie à essayer de réparer mes erreurs, ton cœur et ta rancœur. Te rendre heureux. Bon sang, c'est la seule chose que je veux faire pour les 100 prochaines années. Mais, pour que je puisse faire ça, il faut que, toi, tu me pardonnes l'impardonnable.

De Harry
Je sais que je te demande beaucoup. Depuis le départ. Mais s'il te plaît, tu veux bien essayer ?

De Harry
Oh et je suis séparé de Paul. Désolé, j'aurais dû commencer par ça.

De Harry
Est-ce que je peux t'appeler ? Est-ce qu'on peut au moins s'écrire ?

Je fixe ce putain d'écran inanimé. Il faut que j'arrête ma diarrhée verbale, je vais le faire flipper à parler tout seul.

De Harry
Je ne t'embête pas plus pour ce soir. Bonne soirée, Louis.

J'ai reposé mon téléphone sur le comptoir et Rose et Will me regardent avec un air de pitié.

- Il ne répond pas. Il voit mes messages mais il ne répond pas...

La main de Rose se pose sur mon épaule.

- Laisse-lui un peu de temps.

- Oui bien-sûr, je lui laisserai tout le temps qu'il lui faut. Mais il me manque tellement... je soupire en frottant mon visage dans mes mains.

J'aurais aimé entendre sa voix ou qu'il m'écrive un petit quelque chose pour le sentir vivant à l'autre bout de ce fil invisible qui nous relie.

- Si vous le permettez, faudrait que je nettoie le comptoir, grommelle Liam en arrivant avec son torchon humide.

Il est déjà 17 heures pour Louis et quatorze heures plus tôt ici, donc 3 heures du matin. Il n'y a plus que nous et le bar du W va fermer. On se recule afin que le brun puisse terminer de débarrasser.

- Il m'en veut beaucoup lui aussi... je murmure à Rose à propos de son compagnon.

J'ai compris en la voyant arriver qu'ils étaient tous les deux encore ensemble, ça m'a fait plaisir. Will, lui, s'est trouvé un autre copain de soirée mais, lorsque l'homme s'est excusé et est monté se coucher, le pianiste amateur m'a avoué qu'il préférait ma compagnie.

J'observe Liam nettoyer le visage fermé.

- Ça lui passera, répond Rose avec optimisme.

Le brun doit sentir mon regard parce qu'il lève les yeux et demande :

- Il vous a répondu ?

- Non, je réponds à voix basse.

Il esquisse un petit sourire, le petit enfoiré. Ça lui plait de voir que Louis m'impose son silence.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant