34. Le dessin

1.9K 161 393
                                    

PDV externe

Harry regarde sa montre puis la zone du chantier.

- Au revoir m'sieur, bonne soirée !

- Au revoir, Malik.

Le conducteur de travaux s'éloigne, suivi de quelques gars du chantier. Ce dernier avance bien, les délais sont pour l'instant respectés.

Les recours déposés au tribunal par Louis et ses collègues ont finalement été annulés. Le studio a accepté l'offre qui lui a été faite. À terme, il déménagera au dernier étage de l'immeuble Lonis, dans des locaux spacieux et lumineux, parfaits pour leur travail.

Harry n'en a pas encore parlé avec son dessinateur car le sujet demeure un peu sensible entre eux, mais il imagine déjà parfaitement où est-ce que ce dernier pourrait installer son bureau. L'architecte a en effet effectué une toute dernière modification sur le plan afin de créer une fenêtre qui donne sur un petit patio qu'il compte faire aménager : mur végétal, fleurs en tous genres... Il a tout imaginé et dessiné. Si Louis positionne son bureau tout près de cette fenêtre, il ne verra que du ciel et des fleurs. Pas un centimètre de béton.

Après avoir reposé son casque de chantier dans le préfabriqué et avoir enroulé tous ses plans, il sort et attend non loin de là, qu'un certain petit châtain le rejoigne.

- Hey... murmure ce dernier tandis qu'Harry est occupé à envoyer un message.

- Hey... il lui sourit en rangeant le téléphone dans sa poche.

Comme à l'accoutumé, ils se retrouvent là à 16 heures puis marchent côte à côte jusqu'au parc un peu plus loin. Là, au food truck où ils ont leurs habitudes, ils prennent un café et, bien souvent, Harry oblige Louis à grignoter quelque chose.

Ensuite, ils arpentent les allées du parc pour rejoindre la bouche de métro un peu plus loin. Harry aime bien ce moment. Ils évitent de se toucher en public, surtout si près de leurs lieux de travail respectifs et se contentent d'agir comme deux amis qui cheminent ensemble.

Mais leurs épaules se frôlent par moments et, parfois, ils osent un petit geste. Un petit cil sur une joue qu'il faut ôter. Une main posée au bas du dos pour laisser l'autre passer. Leurs index qui s'effleurent et s'accrochent quelques secondes avant qu'ils ne remettent une distance respectable entre eux.

Louis et Harry sourient timidement dans ces moments là, leurs yeux rivés vers l'horizon. Ils évitent de croiser leurs regards. Sinon, ils auraient vite envie de se faire embrasser par l'autre.

Le bouclé adore cette tension. Tout ce qui se joue, tout ce qui se cache dans les silences qu'ils partagent, dans les petits contacts discrets et furtifs qu'ils établissent en public.

S'il adore câliner et faire l'amour à Louis, il chérit également ces instants volés. Des instants qui n'existent que parce que le châtain est son amant et que leur relation est secrète. On ne fait pas ce genre de choses quand on n'a rien à cacher.

Harry veut continuer à frôler les reins de Louis comme si c'était interdit. Il veut continuer à sentir la main tremblante de Louis caresser la sienne avant de s'éloigner subitement parce qu'un de ses collègues traverse lui aussi le parc et vient de les croiser.

Il aime la gêne qui les attrape et empourpre leurs joues. Parce qu'à ce moment là, leurs cœurs battent plus vite et Harry se sent vivant.

C'est ça. Il a besoin que le secret reste bien gardé pour continuer à se sentir chaque vendredi un peu plus vivant.

Maintenant, ils s'engouffrent dans le métro et Louis parle de sa journée. Ils ont du temps devant eux, l'appartement du serveur est situé au bout de la ligne.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant