36. Paul

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Paul PDV.

Avec sa moquette aux couleurs brun et rouge sang, ses grands lustres du plafond et son piano noir laqué au beau milieu de la pièce, le bar de l'hôtel est cossu.

Je le connais déjà, j'y suis venu une fois. C'était l'an dernier, quand Harry et mon père ont signé leur fameux contrat pour construire cet immeuble à New York.

On avait bu du champagne quand leurs clients étaient partis, célébrant, avec le cabinet d'architectes leur premier contrat dans la plus célèbres des villes américaines.

Harry dessinait nonchalamment sur un morceau de papier la pièce qui nous entourait et écoutait mon père discuter déjà de l'opportunité que cela représentait pour son entreprise.

Si l'immeuble dessiné par Harry tenait toutes ses promesses, alors d'autres clients ne tarderaient pas à les solliciter à leur tour et le cabinet pourrait songer à s'installer à New York aussi...

Mon mari était d'excellente humeur, ce qui se résumait chez lui à sourire sans s'arrêter. Il n'est pas du genre à avoir de grandes effusions de joie. On dirait qu'il est toujours un peu dans la retenue. C'est pour cela que je n'arrive pas à comprendre comment il a réussi à me tromper, lui qui contrôle toujours ses émotions.

Ça ne lui ressemble pas de succomber au désir, de se laisser gouverner par lui au point de manquer de respect à moi et à notre couple.

Harry est l'homme le plus vertueux que je connaisse. C'est un homme de principes. Jamais il ne ferait une chose pareille. C'est du moins ce que je pensais.

Je m'assieds au comptoir, bien décidé à obtenir des réponses.

J'observe l'homme qui prépare un capuccino et qui me tourne le dos. C'est peut-être lui. Il semble avoir à peu près mon âge, ma carrure et la même coupe de cheveux que moi.

Ben alors chéri ? Je t'aurais cru plus imaginatif que cela...

L'homme se retourne, pose le chiffon sur son épaule, récupère la tasse et sert une petite dame assise plus loin au comptoir. Puis il s'approche en souriant.

- Bonjour monsieur. Qu'est-ce que je vous sers ?

- Une bière s'il vous plaît... je demande et il me l'apporte en la posant sur un dessous de verre.

- Et je n'ai pas le droit à un petit dessin avec ma boisson? je demande innocemment.

L'homme rigole.

- Ah non, pour ça, il va falloir attendre notre dessinateur !

- Oh, vous n'êtes pas Louis ?

- Ah non, moi c'est John ! Louis commence son service à 18 heures !

Okay, il y a bien un serveur qui dessine et qui s'appelle Louis. C'est donc lui qui se tape mon mari.

J'ai trouvé tous ses dessins il y a quelques jours.

Je passais non loin du cabinet d'architectes alors je m'y suis arrêté pour voir Harry mais il était sorti en rendez-vous. Je me suis donc glissé derrière son bureau pour lui laisser un petit mot. Je cherchais un feutre et c'est là, dans son tiroir, que je les ai vus.

Ils étaient bien cachés.
J'ai d'abord cru qu'il avait acheté une nouvelle montre, peut-être mon cadeau de Noël, car une boite métallique d'une marque d'horlogerie était soigneusement rangée là, à l'abri des regards.

Je l'ai ouverte tout sourire avant de faire une mine étonnée quand je ne suis tombé que sur des bouts de papier.

J'en ai ouvert un premier, puis un second et un troisième.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant