Hôtel Bar

40. Epilogue : le temps des tulipes

- Merci beaucoup M. Tomlinson ! L'article devrait paraître la semaine prochaine. J'espère ne pas vous avoir pris trop de temps !

Je regarde ma montre pour vérifier l'heure.

- Rassurez-vous c'est encore bon !

Une franche poignée de mains vient conclure l'échange très intéressant que je viens d'avoir avec le journaliste du New York Times. Il voulait qu'on parle de la sortie imminente de ma nouvelle bande dessinée. Il paraît qu'elle est plutôt attendue dans le milieu littéraire.

Il s'agit de ma première BD qui n'a rien d'humoristique. Au contraire, l'histoire est sombre et mystérieuse et l'album se destine plutôt à un public adulte. Est-ce qu'il s'agit d'un tournant artistique dans votre carrière ? m'a demandé l'homme. Je crois que oui.

Même si je suis certain que je continuerai à faire rêver les enfants, je suis aussi heureux d'explorer d'autres genres et de parler à un public plus mature.

Ce projet, je l'avais depuis longtemps mais, ces dernières années, j'ai été beaucoup occupé avec la série Fou de foot et par le film d'animation que j'ai réalisé l'an dernier. L'histoire d'un chat qui se retrouve coincé dans le corps d'un chien et vice-versa. Naturellement, Weasley et Tokyo m'ont longuement inspiré, tout comme leurs bêtises quasi quotidiennes.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et, juste avant que le journaliste ne s'y engouffre, il me sourit et ajoute :

- Bonne fin de journée et bon mariage alors !

- Merci ! je souris en retour en lui faisant un petit geste de la main.

Quelques collègues sont attablés à la salle de pause et je les rejoins histoire de me faire un bon café.

- Ça s'est bien passé ? me demande Johanna, mon adjointe.

- Ouais super !

- Vous êtes restés longtemps ensemble !

- Oui je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps mais il a prévu de faire un gros article alors il avait besoin que je retrace tout mon parcours, et puis, il semblait vraiment intéressé et posait plein de questions.

- J'en connais un qui piétinait derrière la porte parce qu'il se languissait de toi.

- Tu parles de mon chien ou de mon petit ami ? je demande en appuyant sur la machine.

- Tokyo est en train de faire la sieste dans le studio, se marre Johanna, et je comprends donc qu'elle parlait de mon bouclé, ce qui me fait rire aussi.

Puis elle ajoute :

- Et dans quelques heures, ce ne sera plus ton petit ami...

- Ouais... je lâche en attrapant ma tasse et en l'apportant déjà à mes lèvres. Je ne réalise pas qu'on se marie dans...

Un rapide coup d'œil à ma montre. Il est 15 h 30.

- ... 1h30 !

- Tu es stressé ? me demande mon amie.

Je prends quelques instants pour réfléchir.

- Non... Je ne crois pas. C'est plus quelque chose de l'ordre du merveilleux, tu vois...

Je souris pour moi-même en repensant au Chic type qui a déboulé dans ma vie il y a plus de cinq ans maintenant. Il avait tout de l'homme de mes rêves et on sait bien que les rêves deviennent rarement réalité. Il aurait dû rester de l'ordre du fantasme et finalement, voilà que je m'endors et me réveille tous les jours dans ses bras.