35. Flocons de neige

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Couché sur la table du séjour, le poids d'Harry repose sur moi tandis qu'on reprend notre souffle.

Mes mains dans ses cheveux apaisent ses tourments. J'ai compris qu'il était tombé sur le dessin dans mon carnet.

Douleur et amour se sont confondus quand on a joui, sa tête enfouie dans mon cou, mes bras le serrant fort fort fort. Il est toujours caché là, sous ma mâchoire, je peux sentir ses lèvres contre ma peau et son cœur au bord du précipice.

- Il faut qu'on parle...

Cette phrase, que je viens de murmurer d'une voix douce, je n'aurais jamais pensé la prononcer, moi.

J'ai toujours pensé que c'est Harry qui, un vendredi, s'assiérait au comptoir et me sortirait ces quelques mots. Ou qu'il les prononcerait la porte de la chambre d'hôtel à peine fermée, et que je me figerais sur place, les doigts encore sur les boutons de sa chemise.

Harry ne dit rien mais se redresse puis m'aide à me redresser moi. Il me tend quelques mouchoirs puis mes vêtements. Je nous sers un whisky et monte un peu le chauffage dans le salon. J'ai froid à présent qu'on ne se colle plus.

L'architecte s'est assis à la droite du canapé, droit comme un "i". Sa main libre et posée à plat sur son genou, l'autre repose sur l'accoudoir et tient son verre.

Il y a dans sa posture quelque chose de très solennel et je sais que mon bouclé tente de masquer son stress et de rester digne.

Encore debout, je récupère mon verre sur la table basse et bois une bonne rasade d'alcool pour me donner du courage. Puis je repose le verre et monte sur le canapé en m'asseyant en indien, tout près d'Harry, le corps tourné vers lui pour lui faire presque face.

- Hey... je murmure en lui souriant doucement.

Son visage est crispé mais il essaie de répondre et son sourire est si triste. Et moi, pauvre idiot qui veut toujours tout dessiner, je le trouve tristement beau, ce soir, mon Chic type.

- Le gars dans mon carnet, c'est mon ex. On s'est croisé il y a quelques jours en soirée. Il m'a payé un verre, il voulait s'excuser pour la façon dont ça s'était terminé entre nous. On a commencé à discuter et bref, il a passé la nuit ici et le lendemain matin, il est reparti.

- Louis, j'ai pas le droit de dire quoi que ce soit, tu es libre de faire ce que tu veux, répond Harry, en fixant son verre, évitant mon regard.

- Oui mais, moi, je veux que tu saches que c'était juste une nuit comme ça et que ça ne voulait rien dire.

- Une nuit et un dessin.

Ses émeraudes brillantes me fixent à présent.

- J'veux dire, tu ne dessines que ce qui a de l'importance pour toi, il ajoute la mine tristounette.

- Tu as raison, je l'ai dessiné. C'était une façon de... Je ne sais pas, clore le chapitre, tu vois ? On s'était vraiment quitté en mauvais termes lui et moi et j'ai ruminé ça pendant des mois. Là, c'était enfin apaisé entre nous et c'est l'image que je préférais en garder.

Silencieux, Harry fait un petit hochement de tête et bois une nouvelle gorgée.

Il a raison, il ne peut rien dire, je suis libre de faire ce que je veux. Si je veux solder une relation avec un ex, j'ai le droit. Si je veux en entamer une nouvelle aussi. Donc il s'efforce de ne faire aucun commentaire et de rester silencieux.

Mais il a le droit de ressentir des choses et je vois bien qu'il en ressent. Moi, je n'ai pas envie qu'il les refoule et me les cache.

Alors ma main se glisse entre son corps et le canapé pour pouvoir papouiller sa nuque et il ferme les yeux à ce contact.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant