24. Reste

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Vendredi 1er mars

5 heures du matin.

Je me réveille en sursaut et m'assieds dans mon lit l'air hagard. Harry me manque et, depuis trois nuits, je rêve de lui.

Il était avec moi, on était bien. C'était tellement palpable que j'en viens à me demander où se termine la réalité et où commence le songe.

J'ai rêvé que nous étions ensemble au bar mais est-ce que c'est lorsque nous étions ensemble que je rêvais ?

J'ai besoin de m'éclaircir les idées alors je me traîne jusqu'à la cuisine pour me servir un verre d'eau. En retournant me coucher, mes yeux se posent sur mon carnet qui traîne sur la table. Machinalement, je l'ouvre jusqu'à la page qui renferme le portrait de l'architecte, ses mains recouvrant son visage, seuls ses yeux apparaissant entre ses doigts écartés.

Mon index suit la courbures de ses boucles puis descend le long d'un de ses doigts. L'alliance se trouve au bout. Je soupire et referme le cahier.

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7 heures.

Le réveil sonne et je grogne au fond de mon lit. J'ai bataillé à me rendormir, j'ai besoin de plus de sommeil. Plus d'heures à ne rien faire, à ne penser à rien. Plus d'heures à me morfondre.

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7 h 30.

Mon café encore fumant posé à côté du lavabo, je soupire en voyant ma gueule de déterré dans le miroir.

Gestes inutiles pour tenter de défroisser ma peau marquée par la fatigue et l'alcool.

L'eau bouillante qui tombe sur le sommet de ma tête penchée a au moins le mérite de détendre mes muscles crispés.

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7 h 50.

- Allez file ! J'ai pas le temps !

Weasley venait chercher quelques caresses mais on ne peut pas dire que son humain soit le plus agréable à vivre ces derniers jours.

J'assure le minimum vital : remplir ses gamelles de croquettes et d'eau. Pour les caresses, on repassera. C'est tout juste s'il me voit quelques heures par jour, après que j'ai passé le plus clair de mon temps libre au bar, soit celui où je travaille, soit celui où je me mets la tête à l'envers.

Je le repousse doucement avec mon pied et enfile mes baskets. Mon carnet dans la poche de ma veste, le bonnet d'Harry sur la tête, je file tandis que mon chat va, lui, se recoucher en me narguant.

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8h35.

- On pourrait aller sur le marché de Saint-James... je suggère.

- Celui sous les platanes ? demande Marty, mon collègue.

- Non, celui sous les arcades, tu sais, vers le cinéma...

- Ah oui !

Les gars acquiescent et c'est acté. Entre midi et deux, on ira faire signer notre pétition aux clients du marché.

On a déjà fait signer nos voisins la semaine dernière. Mais Harry m'avait conseillé il y a quelques temps de viser plus loin, que cent signatures ne suffiraient pas à faire flancher le porteur de projet. Donc on va s'attaquer à l'ensemble du quartier.

Finalement, tout le monde est concerné. On pourrait transformer l'espace en square avec des jeux pour enfants plutôt que d'y foutre un immeuble. C'est ce qu'on explique à ceux qui veulent bien nous écouter.

Hôtel BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant