Chapitre 18

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Mes sourcils froncés d'incompréhension et mon regard n'ayant pas quitté le sien, je ne dis rien lui faisant comprendre que j'étais prête à entendre ce qu'il a à me dire de si important.

-Comme tu le sais, ma mère m'a abandonné quelques jours après ma naissance. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas parce qu'elle ne m'aimait pas ou... parce qu'elle n'avait pas les moyens. Elle n'assumait juste pas.

-Qu'est-ce qu'elle n'assumait pas ?

-Ce qu'elle était.

Apercevant mon air intrigué, il prend une grande inspiration, me regarde dans le blanc des yeux puis reprend d'une petite voix :

-Mon père et elle étaient amis depuis leur enfance. Ils ont grandi ensemble puis quand ils ont arrêté leurs études, ma mère lui a fait une confidence : elle aimait les femmes.

J'avoue que je m'attendais à tout sauf à ça. J'imagine que cela ne devait pas être évident pour elle d'en parler.

-Le truc, c'est qu'à leur vingt-deux ans, elle voulait avoir un enfant. C'était son rêve apparemment... mais faut croire que non.

Il prononce ces quatre derniers mots dans un murmure, presque inaudible. J'approche mon visage du sien, et vient lui embrasser tendrement sa joue froide. Je l'incite alors de poursuivre.

-Ce n'est qu'après des centaines et des centaines de discussions entre elle et mon père, qu'ils ont finalement trouvés une solution. Il allait devenir le père de cet enfant... Malgré qu'au début elle ne voulait pas l'impliquer là-dedans. Le seul problème, c'est qu'il sortait déjà avec la mère de Claire... Diane. Cela faisait quelques année et... elle était déjà enceinte depuis deux mois. Ils se sont très souvent disputés à ce sujet. Il avait beau lui dire que c'était seulement dans le but d'aider sa meilleure amie, elle n'était pas du tout emballée.

Je comprends mieux maintenant. Toutes les questions que je me posais sur la relation fraternelle de Claire et Dylan.

-Mais elle s'est finalement fait une raison. Reprend-t-il dans un souffle lourd. Il l'aimait elle et pas ma mère, enfin... pas de la même façon. Au fond, elle savait très bien qu'il faisait tout ça juste pour aider. Alors elle a pris sur elle et a fini par accepter.

Je ne peux m'empêcher de penser à ces dures épreuves, qu'à seulement eux trois devaient traversés. Chacun a dû gérer ses propres soucis à sa façon, en pensant bien faire.

-Seulement, à ma naissance, je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa tête, mais elle a préféré fuir ses responsabilités. Elle m'a laissé à la charge de mon père, qui lui, ne comprenait plus rien.

D'un coup, son air change. Ses yeux deviennent larmoyants, ses petites lèvres tremblantes, et ses yeux fixent le sol, montrant une pointe d'amertume.

-C'est Diane qui m'a élevé. C'est elle ma mère. Même si je ne te l'ai jamais présenté, tu verras que c'est une femme dotée d'un courage et d'une sagesse que je n'ai encore jamais vu chez personne. Je ne suis pas son fils biologique et pourtant, elle me considère comme tel. Je ne pourrai jamais l'a remercié de tout ce qu'elle a fait pour moi...

Un court silence s'installe entre nous, laissant comme seul bruit le souffle du vent et le chant des grillons. Le fond sonore de la fête, étouffé par les portes et l'étage qui nous sépare.

-Je ne l'ai jamais dit à qui que ce soit. Pas même à Tony, ni même à Noah... il n'y a que toi qui est courant. Et Claire bien sûr.

-Je te promet que je n'en parlerai à personne. Je garderai ça en moi.

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