Chapitre 8

37 3 0
                                    

8

-Mathéo... dis-je en soupirant.

-Quoi ?

Je peux voir dans ses yeux une totale incompréhension. Il a les sourcils froncés et il s'est directement tourné vers moi.

-Tous mes cauchemars et mon déménagement... c'est en parti à cause de lui, mon grand frère. Du moins, ce qui lui ai arrivé.

Je prends déjà une pose. Je me prépare psychologiquement à lui avouer ce qui à gâcher une partie de ma vie. Lui ne bouge pas et m'incite à continuer silencieusement grâce à son regard.

-Ça s'est passé il y a deux ans, en plein été. Mes parents, mon frère et moi étions partis dans notre gite pour les vacances. Au fond, je pensais que ça allait être les plus belles de ma vie. Mat et moi avons toujours été inséparables, et protecteur l'un envers l'autre. C'est simple, tu ne vas peut-être pas me croire mais... nous ne nous sommes jamais disputés. A part cette fois-là...

Je baisse ma tête en sentant mes yeux s'humidifier. Je ne veux pas que Dylan me voie comme ça, mais il a compris. Il prend l'une de mes mains dans la sienne et me dit tout doucement :

-Prend ton temps. Et si c'est trop dur tu n'es pas obligé de continuer.

Je lève mes yeux vers lui et lui sourit pour lui faire comprendre que ça va aller et qu'il faut que j'essaie. Alors je reprends après avoir pris une bonne respiration.

-Ce soir-là, mes parents sont sortis se balader pour, je cite, « profiter de la fraîcheur de la nuit ». Mon frère a préféré sortir pour se rendre à une soirée qui se trouvait pas très loin du gite, et moi je suis restée tranquillement dans ma chambre pour lire et me reposer. Quand il est rentré quelques heures plus tard, complètement ivre, pour la première fois de ma vie je me suis surprise moi-même... à l'engueuler. Mes parents étaient déjà rentrés depuis une bonne heure et à ce moment-là ils dormaient. Je n'arrêtais pas de lui faire la morale sur le fait qu'il aurait pu lui arriver n'importe quoi et n'importe où, qu'il était vraiment inconscient. Et lui toujours sous l'effet de l'alcool, me rabâchait sans cesse que j'étais tout le temps stressée pour tout et n'importe quoi et que... ça le soulait d'avoir une sœur qui s'inquiète pour un rien. Mais le pire... c'est quand il a lâcher, sans rancœur, qu'il aurait aimé ne jamais avoir une sœur comme moi.

Mes larmes coulent de plus en plus, sans s'arrêter. Dylan toujours accompagné de son regard rassurant se redresse et cette fois-ci, passa son bras gauche derrière moi sur le dossier du banc. Sa main touche délicatement mon épaule tout l'effleurant du bout de ses doigts, ce geste me donne quelque frisson et se vaut bien plus consolateur que je ne le pensais.

-J'étais tellement en colère contre lui, mais aussi contre moi que... quand il est ressorti dehors, pour se calmer je suppose, je ne l'ai même pas suivi pour l'arrêter. Je suis restée là, sans bouger et sans rien dire en attendant qu'il revienne. Puis je me suis finalement décidée à monter me coucher, du moins essayer même si je n'ai pas réussi. Une heure est passée et... la sonnette s'est mit à retentir. Ma mère a été la première à se levée, et pour une raison inconnue je l'ai suivie. La police était là, devant nous avec plusieurs voitures de pompier et d'ambulance derrière eux... et avant même qu'ils... prononcent leurs premiers mots, j'avais compris. Il a eu un accident de voiture, il titubait dans les rues en répétant des mots incompréhensibles et au moment où il a voulu faire demi-tour... un véhicule lui a foncé dessus. Mon monde s'est effondré pile à ce moment-là. Le carnage a commencé précisément à cet instant, et depuis... je ne fais que des cauchemars, me répétant que c'est entièrement de ma faute, que je n'ai même pas pu m'excuser auprès de lui. D'ailleurs c'est exactement pour ça que mon père s'est tiré, à cause de moi. Et c'est aussi pour ça que ma mère et moi avons déménagés, elle voulait changer de vie.

Question suivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant