Prologue : Cinquante-et-un ans plus tôt... (non corrigé)

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La lumière qui perça à travers les rideaux de soie nous éclaira doucement, comme dans un délicat bain de lumière naturelle. Ma main passait sur ses cheveux de jais, inlassablement, et les tirait délicatement sur sa nuque. Couchée sur mon torse nu, la jeune princesse dessinait des formes quelconques sur ma peau à découvert. Concentrée sur son œuvre, elle ne remarquait pas mon regard attendri posé sur ses beaux yeux gris, son visage harmonieux à la pâle lumière matinale.

-Que fait-on si mes parents nous trouvent ici, tous les deux ? pouffa-t-elle à voix basse.

Je lâchai une moue désintéressée. Cela m'était totalement égal.

-Ne te préoccupe pas de ça, lui murmurai-je d'une voix tendre.

Elle se blottit un peu plus contre moi et releva la tête dans ma direction, accolant son menton à mon torse.

-Tu es toujours tellement confiant, me taquina-t-elle, les yeux brillants. Mais que vas-tu faire si un jour la situation te dépasse ?

J'eus un léger pincement au cœur. Ne gâche pas tout, m'ordonnai-je, inquiet.

-Je suis trop sûr de moi pour ça, souriai-je, et elle lâcha un magnifique rire cristallin.

Elle posa à nouveau sa tête contre ma poitrine et reprit ses caresses.

-Les Changers et les Erkaïns se détestent, me rappela-t-elle. Si quelqu'un apprend pour nous...

-Personne n'en saura rien, la coupai-je, rassurant mais une légère tonalité triste dans la voix.

Le silence gagna la chambre luxueuse quelques instants.

-Phoenix est censé être le Monde des créatures délaissées, soupira Eleya d'une voix rauque. Nous devrions nous entraider, et non forcer les créatures à se détester entre elles et à se séparer.

-Rien ne changera jamais le fait que je t'aime, déclarai-je, ému, sans pour autant répondre à sa remarque.

Mais elle sembla remarquer les distances que je prenais face aux conflits généraux de Phoenix et, alors que de petites gouttes froides perlaient sur mon torse, elle me serra contre elle :

-Moi aussi je t'aime.

Je déposai un baiser sur son front, incapable de dire quoi que ce soit d'autre. 

Rien ne dure jamais éternellement. 

Il faudrait m'y faire. 

Malgré moi, je m'en voulais que les choses aient pris une telle tournure. Avais-je prévu que cela tourneraient aux sentiments ? Non. Et bien voilà une situation qui m'échappait, sur laquelle je n'avais aucun contrôle. L'Amour n'a pas de règles. Même le Temps lui-même ne peut le contrer.

Les Mondes d'Enohr ; les Secrets de Kaï -Tome 3 Cycle 1 / Terminée /Où les histoires vivent. Découvrez maintenant