Chapitre 25 : Attaque Surprise

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Les yeux écarquillés, je ne me risquai pas à jeter un regard en arrière ; même si j'avais peur que mes amis ne suivent pas le rythme, l'adrénaline me poussait à aller toujours plus vite, emportant mon pas toujours plus loin.

Je virai brusquement à droite, dérapant sur le trottoir bétonné. Je me stoppai alors dos au mur, hors d'haleine, et les trois autres me rejoignirent la seconde d'après ; Jeane s'écroula au sol, haletante, tandis que George s'appuyait au mur à mes côtés. Sinna s'appuyait sur ses genoux, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle. Nous étions tous là, la respiration hachée et les yeux écarquillés ; à vrai dire, je n'étais pas sûr que l'un de nous ai réellement compris ce qu'il venait de se passer.

Nous échangeâmes alors un regard hébété, presque perdu. Je revis alors ma fuite soudaine, et un sourire naquit sur mes lèvres. Jeane pouffa, les lèvres pincées, avant d'éclater de rire ; sans pouvoir nous en empêcher, nous la suivîmes, hilares. Je tombai assis au sol, incapable de stopper les soubresauts qui me secouaient, tandis que Jeane s'étendait à même le sol, pliée en deux.

-Vous avez vu la tête de la réceptionniste ? railla George entre deux hoquets de rire.

-Est-ce que tu as vu ta tête, George, surtout ? égaya Jeane.

Et nos rires reprirent de plus belle.

***

Une bonne dizaine de minutes nous fut nécessaire avant que nous puissions enfin retrouver notre calme ; puis, entre deux hoquets, je soufflai :

-Bon, ouvrons cette foutue carte.

Les trois autres s'approchèrent et je déroulai le planisphère au sol. Je plissai les yeux, me remémorant mes cours de géographie. Ce que j'avais sous les yeux était bien plus précis que toutes celles que j'avais vu voir dans mes manuels.

-Là, regardez, c'est la France, fit Sinna en pointant du doigt un petit bout de terre, rattaché à la grande parcelle nommée "Europe".

-On aurait dû demander une carte de France... s'enquit soudain George, les dents serrées.

Le silence accueillit ses paroles, et Jeane pouffa. Mais nos sourires avaient fondu.

-On est trop cons, c'est pas possible, soupirai-je tout en me passant la main sur le visage, exaspéré.

Quelle honte d'avoir rit autant pour une chose aussi stupide que celle-ci. D'autant plus que nous n'avions même pas été capables de prendre la bonne carte.

-Vous avez entendu ? murmura soudainement Sinna, les sourcils froncés et le menton redressé.

Nous tendîmes l'oreille ; mais seul l'écho des rugissements des voitures de la route voisine nous parvenait.

-Je n'entends rien, souffla George à voix basse, comme de peur de laisser le bruit fuiter à nouveau.

Je lui fis signe de se taire ; il me semblait en effet percevoir quelque chose. Je me relevai lentement, les muscles bandés, et fixai les ombres de la ruelle. Elle s'étalait sur une vingtaine de mètres et était sillonnée de poubelles et de voitures salies. Quelques flaques d'eau croupie dormaient çà et là. Les battements de mon cœur frappaient mes tympans, mais une chose semblait accompagner leur rythme.

Il y avait quelqu'un. Qui marchait là, habillée d'ombre et de lumière.

-Quelqu'un vient vers nous, murmurai-je aux autres, levant deux poings devant mon visage tendu.

Les trois autres se levèrent, les muscles bandés, prêts à anticiper la moindre offensive. Ils m'encadrèrent, observant chaque recoin de la ruelle sous ses moindres recoins. Soudain, un bruit d'éclaboussure nous parvint et j'écarquillai les yeux ; d'un même geste, nous redressâmes nos poings et prîmes appuis sur nos jambes plantées au sol, prêts à riposter, mais le silence revint.

Les secondes tombèrent. Je retenais mon souffle, n'osant faire le moindre bruit.

Soudain, une ombre fila et un bruit sec retentit ; une silhouette roula face à nous, et, sans que l'un d'entre nous n'ait le temps de réagir, me frappa du poing de plein fouet. Je titubai vers l'arrière, sous le choc, et l'intru attrapa George par la nuque ; elle envoya son pied dans la joue de Jeane en sautant par dessus le jeune homme. Toujours aux prises de son cou, elle envoya ce dernier plonger dans une flaque. Sinna se précipita vers elle, son poing brandit, mais la silhouette esquiva habilement vers l'arrière. Elle enchaîna par une pirouette et envoya son pied dans le ventre de mon amie. Celle-ci fut projetée vers l'arrière, le souffle coupé. Les yeux écarquillés, je sautai sur mes pieds et, en quelques bonds, faisait face à notre assaillant. Elle voulu m'assoner un nouveau coup de poing, que j'évitai vivement. J'attrapai alors son bras et l'envoyai basculer par dessus mon épaule. Elle roula au sol mais sauta aussitôt sur ses pieds.

J'eus à peine le temps d'entrevoir un semblant de cheveux noisettes ; elle envoya son genoux frapper le menton de George qui se redressait à peine, attrapai le bras de Jeane qui s'élançait vers elle et la fit basculer vers l'avant d'un croche-pied. Elle se pencha aussitôt vers l'arrière, alors que Sinna envoyait son poing vers son visage, et enchaîna par un crochet droit qui arracha un cri de surprise à mon amie.

La rage me prit alors ; comment pouvions nous laisser un intrus nous battre à un contre quatre ?! Je sautai dans sa direction mais elle esquiva en une pirouette. Elle tenta d'envoyer son pied dans ma figure, mais je contrai de mon avant-bras avant d'attraper sa cheville pour la plaquer au sol. Elle s'écroula dans un râle sourd ; je voulus frapper son visage de mon poing, mais elle roula sur la droite et se releva d'un bond. Elle ne s'arrêta pas ; elle bondit sur la poubelle, et, sous mes yeux stupéfaits, sauta. Elle tournoya dans les airs et frappa violemment mon visage de son talon. Je fus projeté sur le côté et m'écroulai lourdement sur le béton, totalement sonné. Trente-six chandelles dansaient devant mes yeux, avant que je ne vois notre assaillante retirer sa capuche ; mais ma vision était floue, et bientôt, les tâches noires dansèrent devant mes yeux.

-Bien joué, Nell, fit une voix grave, amusée.

Mais je ne pus en entendre plus ; mes paupières se fermèrent et l'obscurité m'avala.

Les Mondes d'Enohr ; les Secrets de Kaï -Tome 3 Cycle 1 / Terminée /Où les histoires vivent. Découvrez maintenant