IX ◇ Fuir la solitude

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◇ Les nerfs à fleurs de peau, ce goût abject restant collé à ma langue, ces nuits plus épuisantes que les insomnies, les yeux humides à la moindre contrariété, ce manque de chaleur contre mon corps et la solitude néfaste de ma chambre.

Je me sens glisser dans la noirceur depuis quelques jours et je suis terrifié. Mais ma fierté m'empêche d'appeler à l'aide alors que des mains m'ont été tendues. Je suis ridicule.

Une semaine que je supporte ce mal-être seul dans mon coin, alertant de plus en plus ma partenaire qui me voit dépérir. Je l'envoie chier lorsqu'elle montre le moindre signe de pitié. Le kinji colérique est de retour alors que le week-end dernier, il avait disparu. Je me déçois mais c'est plus fort que moi.

Même en répétition, je n'arrive plus à me défaire de mon air renfrogné qui crie à tout ceux sur mon passage de dégager. Comportement antisocial pour une réputation digne de mon humeur.

Un appel me tire de mes pensées maussades et apporte un sourire sur ma tronche quand je déchiffre les lettres inscrites sur mon écran. Je décroche rapidement, un peu trop peut être.

- Allô ?

- Bonjour Kinji, c'est Kounen

- Oui j'ai vu

- Je te dérange ? Tu es en répétition ?

- En pause, pas de soucis. Tu voulais quoi ?

- Juste pour te dire que j'ai appelé la clinique que t'a conseillée le médecin. Tu as rendez vous lundi prochain à 18h. Je pourrai venir te chercher si cela te convient ?

- Ouais c'est parfait. De toute façon, je suis au bord de la crise de nerfs alors tout me va. Et si tu peux m'y conduire, c'est encore mieux, j'ai pas envie de prendre les transports bondés à cette heure là, je risque de commettre un meurtre

- Hum je vois, tu répète ce week-end ?

- Ouais, heureusement

- D'accord, alors je passe te prendre lundi en sortant de la fac. Prends soin de toi, Kinji et appelle moi si tu en ressens le besoin

- Hum, merci

Je raccroche hativement. Une épine dans mon cœur vient de se retirer. Entendre sa voix m'a fait du bien. C'est con, je sais. On se rattrape à ce qu'on peut.

En attendant, j'ai plus trop envie d'égorger mes compères danseurs parce qu'ils sourient trop, au plus grand bonheur de Maimi.

~◇~◇~◇~◇~◇~

Le petit vent frais en cette soirée printanière vient me caresser la nuque encore humide de la douche. Assis sur le muret en face du loft de la compagnie, j'attends Kounen avec impatience et angoisse.

Une joie déplacée de le revoir surgit en moi malmenée par le stresse engendré par notre destination. Pourtant, je ne devrais pas appréhender ce rendez vous, il me permettra d'obtenir cette délivrance que j'attends impatiemment. Mais c'est plus fort que moi, il y a ce quelque chose qui bloque ma respiration et je n'arrive pas à mettre le doigts dessus.

Une voiture se gare à mon niveau et je le vois en sortir. Il est beau avec ses cheveux tressés ainsi. Ta gueule Kinji, t'es chiant à force.

- Bonjour Kinji, comment tu te sens aujour..

Il ne finit pas sa phrase, sûrement aussi surpris que moi de ce que je viens de faire. Mes bras serrés autour de sa taille, j'inspire son odeur avant de filer dans la voiture en grognant un "ça peut aller".

◇ Anomalie ◇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant