◇ Mes doigts emmêlés dans des filins de soies nocturnes. Ma peau effleurée par une toile de satin secrète. Mes narines envahies par un fumet interdit aux effluves de musc. Mon cœur battant au rythme de cette tonalité sacrée. Mon esprit prisonnier de cette âme lunaire éblouissante.En me réveillant ce matin, je retrouve mon chat d'amour, la tête posée sur mon ventre. Il est tellement adorable. Et je suis une veille guimauve toute fondante. Super. Qui suis-je devenu ? Dois-je faire le deuil de moi-même ?
Un petit rire dépasse mes lèvres face à mes propres pensées et un baiser sur mon nombril me fait frissonner. Dans un début d'exploration matinale, il remonte le long de mon abdomen, passe entre mes pectoraux, le long de ma mâchoire pour enfin échouer sur mes lèvres avant que sa voix rauque ne résonne dans le silence de l'aube.
- Bonjour petit chat
- Bonjour à toi, bien dormi ?
- Merveilleusement bien. Comme à chaque fois que tu es dans les parages
- Idiot ! Je vais faire le petit déjeuner
Lui claquant un énième baiser, je file dans la cuisine les joues rosées. On a pris nos petites habitudes de vieux couple durant les semaines qui se sont écoulées. On sort de plus en plus à deux aussi. Au restau, au ciné, faire les courses, main dans la main, sereins.
On a également participé à un autre cours d'accompagnement à la grossesse mercredi dernier, y'en a un par semaine. Et j'avoue que je me mets à apprécier. Les techniques que l'on nous apprend m'aident beaucoup au quotidien. Et mon amoureux me chouchoute du coup, deux en un.
Je crois bien aussi que Satoshi va nous faire un mémoire ou une biographie sur ma personne. Ou alors qu'il va se mettre à la déforestation de masse pour imprimer ses documents. Il m'épuise même si j'avoue qu'il m'a bien aiguillé sur certains points.
Par contre, quand je me regarde nu dans le miroir, je vois mon ventre gonfler au fil des jours qui passent. J'ai l'impression que l'on ne voit plus que ça à travers mes fringues. Et Kounen qui se fout de ma gueule. Il rira moins quand tous me demanderont d'où il sort, ce gros ventre.
Je flippe d'ailleurs un peu quand je passe voir mes parents le week end. Du coup, je mets les sweats les plus larges que je trouve même s'il fait trop chaud. Sauf que cette technique ne va plus fonctionner longtemps. Va bien falloir que je crache le morceau avant d'y être forcé.
Je ne sais juste pas par quoi commencer. Le fait que je sois homo ? Que je sois en couple ? Avec un mec plus vieux que moi ? Que ce soit Kounen ? Qu'on ait couchés ensemble ? Que je sois intersexe ? Ou que je sois enceint ? Je peux juste pas leur balancer tout en même temps, ils vont me clamser dans les pattes.
D'ailleurs, ce soir, dîner familial de merde avec toute la clique de vieux pour plomber la fin de mon week-end. Alors pour profiter un max de mon cheri au préalable, journée glandage de prévu dans le canapé. On se mate une série toute la journée comme des loques en mangeant des cochonneries. Ça fait du bien. Ses bras autour de moi surtout.
Vers 18h, je vais sous la douche à reculons. Sachant pertinemment que je vais devoir faire face à des vieux de la vielle dont la mise à jour en lien avec l'époque actuelle n'a pas été effectuée depuis des lustres, je flippe de m'emporter sur un commentaire débile du genre " Alors, tu as enfin trouver une petite chérie ? " et de laisser échapper quelques infos sans les avoir filtrées avant. Son timbre vient caresser mes tympans dans une source d'apaisement.
- Tout va bien se passer. Arrête de stresser comme ça. Fais comme d'habitude et personne ne remarquera rien
- Facile à dire face à des vieux cons
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◇ Anomalie ◇
Short Story◇ Une soirée de remise des diplômes quelque peu arrosée, une odeur de tabac, un égarement au creux des draps, une paire d'yeux obscures qui te dévisage au soleil levant, écarquillés de surprise. En soit, d'un commun accord, on oubli et on continue n...