II ◇ Toujours réfléchir avant d'agir

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◇ Une chaleur des plus apaisante vient se diffuser contre mon torse. Une odeur forte et épicée vient emplir mes narines agréablement. Un amas de douceur vient s'emmêler autour de mes doigts.

Profitant de cette bulle de bonheur, je somnolle tranquillement, souhaitant tous les matins me réveiller ainsi.

Un mouvement brusque me fait sortir de ma torpeur sereine. Je grogne de mécontentement et ouvre les yeux difficilement, un mal de crâne venant déjà s'infiltrer sous mon front lorsque les rayons du soleil viennent toucher mes rétines.

Je tombe alors sur des prunelles obscures qui me dévisagent, me noiyant instantanément dans ce reflet d'obsidienne pur. Mais un éclat de surprise traversant ces iris me ramène sur terre. ses yeux . Effectuant un mouvement de recul précipité, mon vis à vis fait glisser par inadvertance son corps contre le mien et une texture semblable à du satin vient effleurer mon bassin, me provocant un frisson le long de la colonne.

Il s'avère donc que je ne suis pas le seul à me trouver nu sous ce drap et vu la lueur de panique qui s'infiltre dans son regard, je crois que cette soirée est définitivement partie en couille. Rester calme et essayer d'éclaircir le flou total de mon cerveau est primordial actuellement. Prenant un ton qui se veut neutre, j'essaye d'entrer en contact l'énergumène qui me fait face avant qu'il ne succombe dans les méandres de ses réflexions negatives.

- Salut

Je le vois sursauter et détourner le regard, ses épaules se tendant avant qu'il ne me réponde.

- Salut

Un silence des plus pesant vient envahir la pièce. Cela va être plus compliqué que je ne le pensais.

- On cause ou bien on panique comme deux cons ?

Il tourne la tête lentement vers moi. Mais quand je dis lentement, c'est vraiiiiiiiment lentement. Son regard s'accroche au mien et j'y découvre toute la culpabilité et l'angoisse du monde entier. Chose qui m'est bien inconnue dans le panel de ses expressions habituelles. C'est perturbant. Essayant de couper court à son mal-être grandissant, je continue d'une voix calme.

- Des souvenirs clairs de cette nuit ?

- Non pas vraiment.. et toi ?

- Non plus. Je me souviens juste du premier baiser et après c'est le noir complet. Enfin bon, c'est pas compliqué d'imaginer ce qui a pu suivre vu la légèreté de notre tenue et la présence du matelas en dessous

Il tressaillit à mes mots et se recroqueville sur lui même. On dirait un gamin qui a fait une connerie. Son comportement va finir par me faire flipper tant il n'est pas dans ses habitudes.

- Pardon

- Pourquoi tu t'excuses ? On est deux à avoir merdé je te signale

- Non pas du tout ! Tu n'y es pour rien, tu n'as rien à te reprocher. Je n'aurais jamais dû avoir ce comportement déplacé et encore moins succomber à mes pulsions. J'ai outrepassé toutes les régles que je m'étais imposés, c'est tout bonnement impardonnable. Et si ça se trouve, tu n'étais même pas consentant. Tu as le droit de me haïr, je répondrai de mes actes même si ça n'effacera pas ce que j'ai fait..

Le con, il panique à mort là. Ou alors la cuite phénoménale de la veille lui a grillé les neurones. C'est un peu extrême comme réaction pour cette simple boulette. Ça arrive même au meilleur non ? Le pire est que je n'ai absolument rien dit de la sorte. Et pour dire, je ne l'ai même pas pensé.

- Hé, tranquille, tu paniques pour rien là ! On été bourré et ça a dérapé, c'est tout. Et crois moi que si je n'avais pas été consentant, c'est toi qui l'aurais senti passer !

Un rictus vient se placer tout de même sur le coin de ses lèvres.

- Peut être, mais tu comprends bien que j'ai dépassé les limites que ma place m'incombait

- Quel place ? C'est de l'histoire ancienne tout ça, tu l'as dit toi même hier. Et en plus je te dis que je m'en fous. Puis personne n'a besoin de le savoir et c'est pas moi qui vais aller le crier sur les toits. Alors on passe à autre chose et on fait comme si de rien était OK ?

- Je ne pourrais jamais faire comme si je ne t'avais rien fait

- Mais t'es chiant ma parole. Tu ne m'as rien fait de mal andouille. On a juste baisé complètement bourré. Et je suis sur que c'était top en plus

- Mais..

- Y'a pas de mais, je suis loin d'être trauma ok ? Tout va bien, arrête de te prendre la tête tu veux !

Il baisse les yeux, penaud, triturant le draps. Je lui tend un mouchoir qui traine sur la table de nuit avant de reprendre plus pour moi.

- Ce qui est juste con, c'est que du coup je ne me souviens même pas de ma première fois avec un mec

Il relève la tête rapidement. Merde, qu'est-ce que j'ai dit ? Je peux pas réfléchir avant de causer moi !

- C'était ta première fois ?

Il enfouit sa tête dans ses genoux en prononçant ces quelques mots d'une voix pitoyable, et se recroquevillant sur lui même de nouveau, il murmure un "je suis une merde". Et bien, je suis pas sorti de l'auberge avec cet empoté. Je le connaissais plus vaillant que ça. Je lui fous une tape sur la tête.

- Arrête je t'ai dit. C'est pas en te comportant ainsi que ça va s'arranger

- Mais si ça se trouve, je n'ai même pas utilisé de préservatif

- Parce que tu as l'habitude de faire ce genre de chose avec n'importe qui n'importe comment ?

- Non ! Bien sûr que non !

- Bon alors, tu te prends encore la tête pour une éventualité minime, t'es relou !

- Mais, imagine que..

Je ne lui laisse pas le temps de finir, je viens plaquer mes deux mains de chaque côté de son visage.

- Tais-toi. Tu m'emmerdes là !

- Oui, mais si ça se trouve ...

Ho putain qu'il est têtu, j'ai trouvé pire que moi. Comment je fais pour lui faire fermer son clapet ? Une petit voix vient faire germer en moi une pulsion pas très recommandable mais mon corps s'est empressé de réagir sans l'accord de mon cerveau.

Je me retrouve donc à coller mes lèvres aux siennes pendant plusieurs secondes, en espérant que cela aura un effet apaisant. En me reculant doucement, mes mains toujours sur son visage, je vois ses yeux m'interroger silencieusement.

- Au moins tu as fermé ta gueule

Il reste immobile et silencieux à me fixer intensément. C'était peut-être pas la meilleure des idées du siècle. Pour dissimuler ma gêne face à ma propre connerie, j'essaye de changer de sujet.

- C'est bon, t'es calmé ? On peut oublier tout ça et aller bouffer ? J'ai la dalle

Il hoche la tête, les yeux toujours ancrés dans les miens. Je me lève et me dirige vers mes fringues éparpillées un peu partout dans la pièce. C'est du n'importe quoi. En cherchant mon caleçon du regard, je vois ses yeux toujours fixés sur moi, mais plus dans les miens bizarrement, plutôt sur mon cul je dirais. C'était vraiment pas la solution appropriée pour cette situation, je suis un idiot.

Une fois habillé, lui entrain d'enfiler sa veste, je prends la direction de la porte mais je suis interrompu par une main sur mon poignet. En me retournant, je plonge de nouveau dans ses yeux qui ne veulent apparemment plus me lâcher.

- Oui ?

Comme toute réponse, j'ai le droit à une paire de lèvres fendant sur les miennes. A la fois intense et doux. Plaisant, très plaisant. Beaucoup trop plaisant.

Merde, ça part de nouveau en couille. Toujours réfléchir avant d'agir à l'avenir. Je suis dans la mouise ◇

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◇ Anomalie ◇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant