◇ A travers la fenêtre, la vie continue d'avancer. La ville défile tel un film en marche rapide, les arrêts s'enchaînent, mais mon cerveau est coincé dans un tourbillon désagréable emplit de contradictions.Tout devient lucide quand l'arrêt me menant à la fac est annoncé. Je pourrais continuer un arrêt plus loin pour enfin disparaître sous ma couette mais je me retrouve, sans m'en rendre compte, sur le quai, le métro ayant déjà tracé son chemin sans écouter mes états d'esprits.
A quoi je pensais en descendant là ? Enfin si, au fond je sais très bien ce que mon instinct m'a poussé à faire et je le déteste pour ça. Car là, j'ai juste l'air d'un abruti en plein milieu de la gare à ne plus savoir quoi faire.
L'envie d'aller me réfugier dans ses bras et de lui demander de gérer tout cette merde à ma place m'envahit. Mais la peur de lui dire ce qui m'arrive, de voir du dégoût dans son regard, qu'il me rejette et que je me retrouve comme un con à traverser cela tout seul me retient de courir jusqu'à lui.
Parce que oui, le doc avait raison, ça fait mal d'être seul. Je flippe à mort, je suis paumé, et mon corps ne m'aide pas. Je veux qu'on me dise que tout ira bien, que bientôt ce sera fini, que je pourrais reprendre mon chemin vers l'avenir que je me suis tracé.
Je veux sentir de nouveau cette chaleur enveloppante, ce bien être que j'ai pu ressentir dans ses bras, la douceur de ses caresses, le goût de ses lèvres, l'odeur de son cou et le son de sa voix.
Je sens un sillon humide se dessiner sur ma joue et me maudit intérieurement de me laisser aller à ce genre de comportement. Je n'ai besoin de personne, je peux y arriver tout seul.
Non, je ne peux pas y arriver tout seul, définitivement pas. Je tourne les talons avant de changer d'avis une autre fois, secoué par un sanglot qui cherche à sortir. Me mouvant sans réfléchir, je traverse les quelques pavés me séparant de mon ancienne école en courant. Arrivé à deux pas de la grande porte, je fus intercepté par une main sur mon bras.
- Kinji ?
Reconnaissant cette voix entre mille, je me retourne rapidement et le vois écarquiller les yeux.
- Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi es-tu dans cet état ?
Il est là devant moi, paniqué. Sûrement pas habitué à me voir chialer, mais tant pis, je m'en fiche. Je vais me fourrer contre son torse et laisse ce putain de sanglot sortir, qu'il arrête de m'obstruer la gorge.
Ses bras viennent s'enrouler fermement autour de moi, sa tête vient s'enfouir dans mes cheveux et ses mains se mettent à caresser mon dos.
- Je suis là
C'est tout ce dont j'avais besoin en fait, qu'il soit là. Je place mes bras autour de sa taille et inspire son odeur à pleins poumons. Me calmant comme je peux.
- Viens, on va s'assoir dans le parc
Il me guide jusqu'à un banc, sa main au creux de ma paume, son épaule contre la mienne. Une fois assis, je reste collé à lui autant que je peux. Profitant de sa chaleur.
- Tu veux me raconter ?
N'arrivant pas à sortir un mot, bafouillant et baragouinant des syllabes sans queue ni tête, je me résigne et fouille dans mon sac. Je lui tends en tremblant la petite image qui résume à elle seule la situation.
Je le vois la prendre, la regarder, la toucher, la retourner. Les yeux plissés, il suit les contours et déchiffre les lettres. L'information arrivant lentement à son cerveau, je vois ses yeux s'agrandir et passer de ce petit bout de rien à moi, de moi à ce bout de papier.
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◇ Anomalie ◇
Historia Corta◇ Une soirée de remise des diplômes quelque peu arrosée, une odeur de tabac, un égarement au creux des draps, une paire d'yeux obscures qui te dévisage au soleil levant, écarquillés de surprise. En soit, d'un commun accord, on oubli et on continue n...