Vision (Tome 1) - Stray Kids Fanfiction

Chapitre 13

7 avril – 08:29

À peine trois minutes de marche – ou plutôt de course pour que Jeongin rattrape son oncle – plus tard, ils se retrouvèrent dans le dojo de ce dernier.

Jeongin se tenait droit comme un piquet au milieu de la pièce, tandis que Mingyu était appuyé contre le bureau, se pinçant l'arête du nez. Cela faisait maintenant dix minutes qu'ils étaient dans un silence le plus complet, le tout entouré d'une ambiance particulièrement tendue et gênante pour l'un comme pour l'autre.

C'était généralement le rôle du rose de lancer la conversation, alors cette fois ne fut pas une exception, bien qu'il se lançât avec beaucoup d'hésitations :

« Je trouve qu'on a un peu trop de discussions sérieuses ces temps-ci, tu ne crois pas ?

— La faute à qui ?

Jeongin 0, Mingyu 1.

Au moins, il savait quel ton employé avec son oncle en ce moment. Le problème était qu'il ne comprenait pas pour quelle diable raison il semblait encore remonté contre lui... Outre le fait que personne ne savait pour la sexualité inconnue de Jeongin, ce dernier y compris.

— Ton pote là, est-ce qu'il était consentant, au moins ?

— Pardon ?

Alors ça, c'était le pompon ! Mingyu qui se méprend sur leur relation ? Jeongin aurait tout vu ! Devenant rouge tomate, il balbutia des suites de mots sans queue ni tête, avant de se faire couper par son oncle :

— Oh arrête, pas de ça avec moi, Jeongin ! Je sais très bien que vous alliez coucher ensemble !

— Mais pas du tout ! Je venais juste de me confesser à lui !

— Ah bon ? Je suis étonné de voir que vous n'étiez même pas ensemble vu le nombre de fois que tu l'as maté, hier soir.

— Mais c'est vrai !

Mingyu décida de laisser un temps de répit à son neveu, en profitant pour ouvrir une porte discrètement cachée. Il semblerait que ce fut un placard. Jeongin se tritura les doigts, un peu sceptique quant à la réaction de son oncle. Serait-ce pour ça qu'il était en colère ?

— Ça te dérange ?

L'homme se redressa pour lui faire face. Il sembla réfléchir un instant aux mots qu'il comptait employer, avant de déclarer sans aucun tact :

— Je vais être transparent avec toi, je trouve les relations entre les personnes de même sexe contre-natures. Je ne comprends même pas comment ça peut être possible. Néanmoins, les gens font ce qu'ils veulent, c'est leur vie, pas la mienne, donc je n'ai pas à m'immiscer dedans puisque ce ne sont pas mes affaires, sauf s'ils me font chier bien évidemment. Et bien sûr, je ne vais pas changer ma relation avec toi sous prétexte que t'aimes les hommes. J'ai ma façon de penser, tu as la tienne, et ce ne sont clairement pas nos pensées divergentes qui vont détériorer notre relation.

L'avantage avec Mingyu, c'est qu'il était certain qu'il donnera toujours son avis, certes sans détour cependant très franc sur la question.

— Je vois... Merci d'avoir été honnête, en tout cas.

Il haussa les épaules et se remit à fouiller dans ce fameux placard, tournant le dos à Jeongin.

— C'est normal. Tes parents ne le savent pas, je suppose ?

— Bah figure-toi que je ne le savais pas non plus jusqu'à récemment. Mais tu penses que je devrais le leur dire ?

— Tu ne perds rien à le leur dire, mais je pense surtout que c'est à toi de voir si tu le souhaites. Tu ne sais pas encore ce que tu veux, je le vois clairement. Attends peut-être encore un peu, pour être sûr de ce que tu avances.

— Ouais, mais me mettre en couple avec Chan, ça risque de ne pas pouvoir attendre...

— Ah tiens, à ce propos, il est trop vieux pour toi.

Mingyu ouvrit une bouteille d'un liquide bleu et en versa un quart du contenu dans un seau, avant de le remplir d'eau et de mélanger avec une serpillère.

— Mais tu vas pas t'y mettre aussi ? S'emporta le jeune homme en le regardant faire. On en parle de Papa et Maman qui ont onze ans d'écart ?

— Nan mais... ton père, c'est une autre histoire.

— C'est exactement la même chose, voire pire ! Chan et moi, on a à peine cinq ans de différence !

— Tel père, tel fils, à ce que je vois ! Mais bon, c'est pas mes oignons, tu fais ce que tu veux de ta vie amoureuse. Tant qu'il te respecte, évidemment. Et que tu le respectes aussi. Et ça vaut également pour tes futures compagnes féminines.

Il ajouta quelques torchons propres dans le mélange translucide, et sortit un autre seau et un balais.

— Tu peux parler, en dix-sept ans d'existence, je t'ai jamais vu casé ! Jacassa Jeongin avec un rictus.

— Eh ! Ce n'est pas par choix, c'est mon métier qui m'y oblige !

— Dis surtout que t'avais aucune chance avec les filles, contrairement à Papa !

— En attendant, ce n'est pas moi qui ai un problème de cœur sur le dos. »

Jeongin 0, Mingyu 2.

Mingyu mit de force le seau et la serpillère dans les mains de son neveu, qui les fixa comme des nuisibles.

« Pourquoi tu me donnes tout ça ? Fit-il en détaillant l'intérieur du seau.

L'exorciste s'appuya contre la commode en remontant ses lunettes, et fixa son neveu droit dans les yeux.

— Ça, vois-tu, c'est ta punition pour avoir enfreint les règles des exorcistes.

— Hein ?! Mais–

— Ça ne sert à rien de te plaindre, tu sais que tu mérites bien pire, sois content que j'ai pu négocier ta punition. J'ai congédié toutes les femmes de ménage pour te laisser le champ libre sur tout ma zone. Pendant les trois jours où tu resteras ici, tu seras de corvée de ménage, de dîner et de vaisselle pour nos chers hôtes. Et bien sûr, interdiction d'utiliser ton pouvoir. En prime, tu serviras le repas du midi et du soir à ton grand-père bien-aimé.

— Quoi ?!

Car son grand-père, chef du temple Yang qui plus est, était un homme de loi et de morale très à cheval sur les règles. Jeongin se souvenait bien de s'être fait taper sur les doigts plus d'une fois avec son frère et ses cousins à cause de leurs bêtises d'enfant, comme exorciser un de leurs amis eux-mêmes ou libérer par malheur un démon, se retrouvant toujours dans son bureau ou dans sa chambre. Et généralement, si on était convoqué dans son bureau, ce n'était jamais bon signe.

— Pitié, tout mais pas ça ! Je peux même récurer ton parquet avec une brosse à dents si tu veux, mais je t'en supplie, je veux pas passer voir Grand-père !

— Merci pour l'idée, mais ça sera pour la prochaine fois, répliqua Mingyu. Tu mérites pire, je te signale. Franchement, tu devrais apprécier les choses à leur juste valeur.

Il se dirigea vers la porte coulissante et se tourna une dernière fois vers son neveu avec un rictus.

— Et pour info, la punition commence maintenant. Allez, au boulot ! »

Vraiment, des fois, son oncle était bien pire que son père en termes de punition...

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