Juan aurait bien aimé se lover dans le sofa comme il l'avait toujours fait, mais enceint de sept mois, son ventre le gênait beaucoup trop pour qu'il puisse remonter ses genoux contre lui, à présent. Markus et Jasper couchaient leurs enfants, l'un avec l'aîné et son histoire du soir, l'autre avec les plus jeunes dans la chambre commune. Leurs amis étaient toujours là et c'était Julie qui caressait ses cheveux clairs. Christopher était dans la cuisine avec Samir, et Rémi était sur le canapé d'en face, il le regardait avec intérêt.
— Tu as l'air fatigué, Juan.
— Essaie de dormir avec un alien qui te donne des coups dans le ventre toute la nuit.
— Ça doit être infernal, murmura l'Alpha, compatissant.
— Oui. Mais je me dis que ça n'arrivera qu'une fois dans ma vie, et c'est pas si cher payé à vrai dire. J'aime bien le sentir bouger. Juste, je préfèrerais que ça soit la journée, quoi.
— J'imagine.
— Il bouge, là ? intervint Julie, curieuse.
Juan répondit par la négative, précisant « il dort » avec une moue aussi amusée que blasée. Il était fatigué oui, mais il avait la chance d'être enceint quand personne n'aurait pu le parier, alors il n'avait pas à se plaindre. Des tas d'Omégas dans son cas ne procréaient jamais, même avec une assistance médicale. Lui, il avait son petit miracle, et dans moins de deux mois il le tiendrait dans ses bras. Dire qu'il était impatient était un euphémisme, mais en même temps il s'appliquait à savourer chaque instant de sa grossesse, sachant qu'elle serait l'unique de sa vie. Il passait un temps infini dans la piscine du loft, à l'étage supérieur. Cela lui rappelait des souvenirs de jeunesse, Jasper ayant occupé l'appartement seul, puis avec Markus, jusqu'à la naissance de leur premier enfant. Après, ils avaient accepté la proposition de ses parents d'échanger de lieu de vie et il élevait à présent ses enfants dans les pièces qui l'avaient vu grandir. Le plus pratique étant, bien entendu, l'accès à la piscine quand ils le voulaient. Juan adorait y barbotter, malgré la météo encore un peu fraîche. Il allait à des cours de préparation à l'accouchement, au yoga prénatal, et le reste du temps, il dormait ou s'occupait de Yaël pendant que Markus dormait... ou s'échappait « à la piscine » avec Jasper. Juan n'avait aucun doute sur les activités auxquelles ils se livraient à l'étage supérieur, l'Oméga ayant eu du mal à la regarder dans les yeux pendant presque huit jours après avoir compris qu'il les avait forcément entendus lorsqu'il était passé de la salle de bain à la chambre quelques semaines plus tôt.
Rémi se leva pour aller rejoindre les Alphas à la cuisine. En passant, il ébouriffa les cheveux clairs de l'Oméga.
— Ta couleur naturelle te va bien aussi, tu sais ? Même si le bleu te fait rayonner.
— Je... Merci ?
Rémi lui sourit et s'éloigna vers la cuisine, laissant l'Oméga un peu perplexe. Puis une ondulation dans son ventre lui indiqua que son bébé s'éveillait et il saisit la main de Julie pour la poser là où il sentait remuer, retrouvant son exubérance naturelle. La jeune femme rosit, puis gloussa lorsqu'elle sentit un coup sous sa main.
— Ouch ! Putain, par l'intérieur ça doit être costaud à subir aussi !
— On s'y fait, murmura Juan en souriant.
Bientôt les Alphas revinrent, les bras chargés de victuailles, suivis de Jasper puis de Markus, les bras chargés d'un petit paquet remuant vigoureusement. Il l'abandonna dans les bras de son Alpha et alla s'assoir contre Juan, l'attirant contre son torse et diffusant pour lui une bouffée de phéromones apaisantes. L'Oméga se laissa faire. Il était conscient de la chance qu'il avait d'avoir deux personnes pour prendre soin de lui. Il dormait chaque nuit dans son nid de couvertures et de coussins moelleux, le nez contre le torse de Jasper qui l'enlaçait toujours en prenant garde à ce que sa position soit confortable malgré sa nouvelle corpulence. Markus savait précisément où il avait mal et comment le masser pour le soulager. Jasper lui cuisinait ses plats préférés. Théodore venait jusqu'au canapé lorsqu'il avait besoin de lui pour l'aider à faire ses devoirs, ou envie de se faire lire un chapitre de son livre. Et il lui apportait son mug de café décaféiné avec exactement la bonne dose de sucre et de lait, sous le visage horrifié de Jasper qui n'avait jamais pu s'habituer à ce que l'on « torture ainsi ce breuvage sacré ». Même Charlotte, ravie de montrer qu'elle s'y connaissait aussi en sa qualité de « grande sœur de Yayel » l'aidait dans ce qu'elle estimait nécessaire. Comme s'installer à côté de lui pour babiller sans cesse en dessinant plutôt que de rester dans la salle de jeux.
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Révolution
RomanceUne révolution, c'est un bouleversement, un changement. Une révolution, c'est aussi un tour complet sur soi même. Le tour que la Terre fait autour du soleil. Une révolution, c'est aussi ce que vit Juan, Oméga récessif, considéré comme stérile, 35...