« Tu me manques déjà »
Juan rangea son téléphone au fond de sa poche et sourit, accrochant le regard intrigué de Markus. Rémi venait de les raccompagner chez eux, et son message arrivait à peine quelques instants après son départ.
La semaine chez lui avait été chaotique. Yaël réclamait ses parents, Jolan sortait sa première dent, et leur seul support émotionnel était Juan, la peau de Juan, les phéromones parentales de Juan, et le lait de Juan. Le lundi matin, après une nuit sans sommeil pour l'Oméga et à peine réparatrice pour l'Alpha qui avait dormi à l'angle opposé de la chambre, Rémi avait foncé au Palais Présidentiel, mis de l'ordre dans sa paperasse, traité ses dossiers urgents, transmis ses directives pour la semaine et... posé un congé exceptionnel jusqu'au vendredi. À midi il était rentré, pour trouver Juan avachi dans le canapé, un bébé au creux de chaque bras et deux bouches voraces ventousées à sa poitrine. Il le trouvait sublime, mais de crainte de se faire envoyer bouler par l'Oméga épuisé, il avait gardé son commentaire pour lui et s'était lancé dans la préparation d'un repas rapide.
« Tu me manques aussi »
Il était resté auprès de l'Oméga toute la semaine. En journée, lorsque les deux bébés avaient dormi miraculeusement en même temps, ils étaient parvenus à se trouver quelques moments de tendresse. Juan se réfugiait dans les bras de l'Alpha et savourait d'y être seul. Il se sentait aimé et en sécurité comme dans ceux de Markus ou Jasper, mais aussi désiré et... quelque chose de plus qu'il ne savait pas définir, et qu'il avait fini par accepter de ne pas définir. Dès la troisième nuit chez Rémi il avait réclamé que l'Alpha le tienne contre lui en dormant. Il n'avait pas dormi seul depuis si longtemps qu'il ne savait plus comment faire. Chez eux, il finissait toujours collé à l'un ou l'autre de ses amis, sauf les rares fois où il les envoyait occuper le loft des parents de Jasper pour leur offrir une nuit d'intimité. Qu'il payait par une nuit d'insomnie, mais qui la valait bien. Il aimait les sourires radieux et les cernes sous les yeux des deux amoureux au petit jour, et il aimait sentir leurs échanges de phéromones à toute vitesse. Il ne les comprenait pas ni ne souhaitait les comprendre, il était simplement heureux de les sentir amoureux.
« Vraiment ? »
Dans les bras de Rémi il se sentait aussi à sa place. Avec des papillons dans le ventre en plus. Avec la chair de poule et les frissons. Avec l'excitation qui accompagne toujours le début d'une nouvelle histoire. Sans l'angoisse de ne pas pouvoir être soi-même et d'avoir à s'apprendre. Bien sûr, il ne connaissait pas Rémi aussi bien qu'il connaissait Jasper et Markus, ou Julie, mais il y avait peu de choses que son ami – ou amant ? – ignorait de lui. Et il trouvait ça... réconfortant.
« Vraiment. Je suis heureux d'être de retour à la maison et de retrouver Markus et Jas. Mais tu n'es pas là. Je me suis un peu trop habitué à toi. »
Cette semaine aurait dû être un calvaire. Elle avait été un genre de paradis comme il n'en avait plus connu depuis son accouchement. Recevoir ce sms quelques minutes après leur séparation avait fait décoller les papillons jusque dans son sourire.
— Hassan ? interrogea Markus.
— Nan. Enfin si.
Peut-être que ça serait plus simple de leur laisser croire qu'il s'agissait du beau brun qui l'avait planté par sms finalement. Sinon, comment expliquer le rouge de ses joues et le grand sourire qui ornait son visage sans parler de l'évolution de sa relation avec leur ami ?
« Je suis flatté et heureux. Il me tarde de te revoir. Profite bien de ton retour à la maison ❤️»
Juan ne voulait pas en parler. Pas encore, pas tout de suite. C'était trop précieux et fragile pour le dévoiler. Rémi avait accepté, bien qu'il estime important que Markus et Jasper soient au courant. Christopher bien sûr avait suivi les étapes de leur rapprochement pas à pas. Il était inconcevable qu'il soit tenu à l'écart de quelque chose qui rendait son amoureux aussi heureux. Il avait même passé une soirée avec eux en milieu de semaine. Et rassuré Juan, qui était resté mutique un bon moment. Il avait attendu que Rémi disparaisse à la cuisine, faisant augmenter le malaise de l'Oméga d'un cran, pour se rapprocher et lui expliquer que tout comme Rémi aimait le voir amoureux de Samir aussi, lui-même était heureux de voir son amoureux être heureux avec une autre personne. Bien sûr que la situation était spéciale, ils se connaissaient tous, et il comprenait fort bien les craintes de Juan, mais il le rassura sur leur amitié et lorsqu'il les quitta après avoir embrassé Rémi en le serrant dans ses bras, Juan se surprit à ne ressentir aucune jalousie. Une fois encore, tout était beaucoup trop normal, et naturel.
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Révolution
RomanceUne révolution, c'est un bouleversement, un changement. Une révolution, c'est aussi un tour complet sur soi même. Le tour que la Terre fait autour du soleil. Une révolution, c'est aussi ce que vit Juan, Oméga récessif, considéré comme stérile, 35...