Chapitre 39

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— Anna ? Tu vas bien ma chérie ?

— Qu'est-ce que vous foutez ?

— Un câlin, chérie, c'est tout.

— À poil ?

Rémi roula des yeux et souleva la couverture, prouvant qu'ils étaient tous deux vêtus sous la ceinture. Christopher gloussa tout bas, l'embrassa sous le menton et tourna à nouveau toute son attention vers la jeune femme qui se tenait debout dans l'embrasure de la porte, se tordant les mains.

— Viens là, ma puce.

Christopher tapota le mince espace libre sur son lit et Anna se jeta dans leurs bras ouverts. Manifestement l'heure était grave. Rémi glissa une main dans les cheveux longs et son Alpha enlaça l'adolescente. Elle renifla contre son torse. Ils laissèrent passer quelques minutes, durant lesquelles Rémi diffusa des phéromones parentales apaisantes à profusion, et finalement Christopher murmura :

— Tu veux en parler, poussinnette ?

Elle se redressa en écrasant une larme.

— Chris, putain, j'ai dix-sept ans...

— Tu seras toujours ma poussinette.

Elle émit un son étranglé, à mi-chemin entre l'éclat de rire et le sanglot, et détourna le regard. Elle se tordait les mains, et si son père n'était pas déjà en train de l'examiner sous toutes les coutures pour savoir où elle avait mal c'était parce qu'il savait d'expérience que cette blessure semblait surtout émotionnelle. Depuis que leur mère était retournée vivre aux Etats-Unis, ses enfants se tournaient volontiers vers Christopher lorsqu'ils avaient besoin de réconfort émotionnel... ou lorsqu'ils s'étaient disputés avec lui. Lorsque leur problème était physique ou lié à l'école, c'était à leur père qu'ils demandaient d'intervenir. Elle n'était donc a priori ni blessée, ni malade, ni en conflit avec un professeur. Sa douleur était donc liée à autre chose, et c'était bien à Christopher qu'elle voulait se confier. Il hésitait à les laisser, mais une petite part de lui était égoïste et voulait profiter de son amoureux encore un peu. Si Anna le chassait, il s'éclipserait, et volontiers. Mais si elle ne disait rien... Il allait rester, là. Ils étaient bien, tous les trois. D'ailleurs, elle se lova à nouveau contre le torse de Christopher, qui la serra entre ses bras.

Et la porte s'ouvrit à nouveau à la volée.

— Papa t'es encore l... mais qu'est-ce que vous foutez ?

Sans un mot, Rémi ouvrit un bras en direction de Thomas et l'adolescent vint machinalement s'y lover. L'Alpha murmura :

— Chacun son tour. Ta sœur a besoin de vider son sac. Je suis à toi juste après, d'accord ?

— Mmh mmh. J'suis pas pressé.

Il haussa les épaules et regarda vers sa sœur, une moue compatissante déjà plaquée au visage.

— C'est Sven... et Clara... Ils m'ont dit... Ils m'ont... Ils veulent rester tous les deux...

Rémi se racla délicatement la gorge, interloqué, et murmura :

— Comment ça, tous les deux ? Ton petit-ami t'as quittée ?

— Papa ptin fais un effort ! Ils étaient en trouple, tout le lycée était au courant ! Et crois-moi ma vieille, tout le lycée est déjà au courant qu'iels t'ont larguée.

— Q... quoi ?

Thomas se frotta l'angle de la mâchoire, où un bel hématome éparpillait tout un camaïeu de bleus. Rémi fronça les sourcils et saisit le menton de son fils, se redressant brutalement pour mieux l'observer. Anna avait planté son regard dans celui de son frère.

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