Révolution

Chapitre 27

— Allez, Juanito, on est toustes là ! Tu peux bien nous lâcher un peu d'infos quoi ! T'es amoureux ? Ca fait des semaines que tu nous balades et que tu dis rien, tu disparais fringué comme un dieu et tu achètes des kilos de maquillage ! Je le sais, c'est moi qui fais les boutique avec toi mon chou ! Alors ?

L'Oméga secoua le nez et plongea les lèvres dans son verre de whisky. Il était écarlate. Cela faisait plusieurs semaines que ses amis essayaient d'en savoir plus sur sa relation balbutiante, et autant de temps qu'il répondait évasivement. Manifestement, ce soir où tout le monde avait pu répondre à l'invitation de Markus et Jasper, Julie avait décidé de lui tirer les vers du nez. Sauf qu'en face de lui, Christopher était lové dans les bras de Rémi, et qu'il n'était pas question qu'il parle de lui, d'eux, devant lui. Oui, ils se voyaient très souvent. L'Alpha essayait de quitter son travail plus tôt au moins une fois par semaine afin de prendre un goûter avec lui et Jolan, et presque tous ses vendredis soir lui étaient réservés. Parfois, ils se retrouvaient simplement pour dîner au restaurant, mais de plus en plus souvent il allait avec Jolan dormir chez son amant. Christopher passait un weekend sur deux chez Rémi, mais il n'arrivait que le samedi, aussi Juan passait-il tous ses vendredis avec son Alpha. Lorsque Christopher était chez Samir, il restait parfois jusqu'au dimanche. Autrement, il laissait le champ libre aux Alphas et retournait avec sa famille. Ce rythme s'était créé tout naturellement, et ils semblaient tous y trouver leur compte.

Alors non, l'Oméga était loin d'avoir envie d'en parler. Pas comme ça, pas devant tout le monde. Markus et Jasper avaient cessé de l'interroger, se fiant à son regard lumineux et à sa joie de vivre revenant lentement. Voir leur ami s'ouvrir à nouveau, raconter les expositions qu'il visitait, les films qu'il avait vus, les contenus de ses assiettes au restaurant et son air visiblement épanoui leur suffisait. Enfin, c'était ce que Juan avait déduit, puisqu'ils n'avaient plus de questions, même lorsqu'il partait deux jours avec Jolan.

Comme il restait silencieux, Julie relança :

— Allez ! Tu peux quand même nous dire si Hassan est un bon amant quoi !

Il releva brusquement les yeux et murmura, un sourire aux lèvres :

— Ce n'est pas Hassan.

— Ah ! On te l'avait dit, Jul' ! s'exclama Jasper en tendant la main ouverte vers son amie, qui y glissa un billet d'un air désabusé alors que Christopher et Rémi payaient de même Samir et Markus.

— Vous... vous avez parié sur ma vie sentimentale ?

Markus gloussa :

— Désolé mon cœur. C'était trop facile de leur piquer du fric, c'était tellement limpide que ce n'était pas Hassan...

Juan descendit son verre de whisky cul sec et le posa sur la table en murmurant « vous me paierez ça. Et d'abord, c'est MON fric, donnez-le-moi. La vie est difficile pour les parents solo ! » Il tendit à son tour les mains, une vers Samir et une vers sa famille. Markus l'embrassa dans le cou en murmurant « solo, solo... on est trois quand même hein... tu pourrais au moins nous donner une info croustillante en échange ! »

— Il baise comme un dieu. Maintenant donne-moi ma thune, sale fourbe !

En face de lui, Rémi gloussa tout bas et Christopher lui murmura quelque chose à l'oreille, le faisant rire à nouveau. Juan leur sourit et compta ostensiblement ses billets puis se redressa en relevant théâtralement son jupon de coton mauve pour glisser les coupures dans l'élastique de sa chaussette montante, dévoilant le haut de sa cuisse. Puis il se servit une limonade et se rassit nonchalamment contre Jasper, glissant ses mollets jusque sur les cuisses de Markus, lové de l'autre côté de l'Alpha.