Chapitre 18

530 59 4
                                    

Juste après le départ de Juan, son téléphone avait sonné et il y avait lu nom de Christopher, comme tous les soirs à peu près à la même heure. Il avait décroché en gémissant « Amour j'ai fait une connerie » et lui avait narré la soirée d'une traite. À l'autre bout du fil, Christopher jubilait. Sa voix se faisait tour à tour caressante, rassurante ou encourageante. Il ne vit Juan revenir que lorsque ce dernier passa devant lui, et il fut à peu près certain que l'Oméga entendit Christopher claironner après qu'il l'eût informé que les bébés s'étaient rendormis : « Je suis tellement content Amour, je suis fier de toi. Embrasse-le de ma part. Enfin, non, pas comme ça. Salue-le, quoi. Je t'aime. Passe une bonne soirée ! ».

Blasé, écarlate, Rémi laissa son téléphone choir sur le canapé et se tourna vers Juan, qui lui sourit timidement.

— Donc il le prend vraiment bien, tu disais pas ça juste pour me rassurer.

— Bien sûr que non. Je ne mentirais jamais sur ça. Chris est beaucoup trop important dans ma vie.

Rémi se laissa tomber dans le canapé, coudes sur les genoux, et cacha son visage entre ses mains. Il sentit l'assise s'affaisser un peu lorsque Juan s'assit près de lui. Il enfouit son visage encore plus bas, les doigts plongés dans ses cheveux et tirant dessus comme s'il voulait en arracher des mèches entières. La main fraîche de Juan s'enroula à son poignet et tira délicatement pour libérer l'accès son visage. Puis elle se glissa sous son menton pour le forcer à relever le visage vers lui, un pouce glissa sur sa bouche et il frémit, se faisant violence pour ne pas le happer. La course des phalanges s'arrêta à sa joue, et comme il ne relevait toujours pas assez la tête, Juan se pencha pour poser un baiser léger sur ses lèvres.

— Je ne vais pas fuir parce que tu as dit que Chris était important dans ta vie, Rémi. Je suis pas débile, je vous connais depuis plus de dix ans maintenant. Pourquoi est-ce que tu paniques ? Je ne comprends pas. Je ne peux pas comprendre si tu ne me dis pas.

— Je... ne sais pas trop ? Parce que j'ai peur que tu aies peur ? ou de te blesser ? Ou... Je ne sais pas, Juan. J'ai peur de sortir de ta vie.

— C'est complètement idiot. Même si je n'éprouvais rien pour toi je ne te demanderais pas ça. Tu n'imagines pas le bien que ça me fait de savoir qu'il y a une personne sur cette planète à m'aimer comme je suis et pas comme elle voudrait que je sois. Je les compte sur les doigts de la main, c'est pas pour en chasser une sous prétexte que son amour est plus romantique qu'amical. Pourquoi refuserais-je un ami comme ça ?

— Il y a eu tellement de connards dans ta vie, ça me rend dingue.

Rémi se redressa enfin et regarda vers l'Oméga, qui lui sourit, à mi-chemin entre la tristesse et l'amusement. Oui, il y avait eu beaucoup trop de personnes moches dans sa vie. Même s'il ne savait pas exactement définir ce qui était en train de se produire en ce moment même entre Rémi et lui, il n'était pas question de se priver d'un tel ami. Ou amant ?

— Est-ce que tu peux m'embrasser encore ? demanda-t-il brusquement.

Rémi lui sourit et tourna le visage pour embrasser la paume qui errait encore sur sa joue, puis il attira l'Oméga entre ses bras avant de lui répondre.

— Avec un plaisir infini.

— Même si je ne sais pas encore comment répondre à tes sentiments ?

— Juanito, si demain tu te réveilles en me demandant de ne plus jamais revenir sur cette soirée et de reprendre notre relation amicale telle qu'elle était encore il y a deux heures, je serais quand même le plus heureux des hommes. Parce que tu es entre mes bras et que tu me demandes de t'embrasser, et que quoi qu'il advienne après le pire qu'il puisse m'arriver c'est d'avoir un souvenir magnifique.

RévolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant