Chapitre 25

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— Mais tu peux pas aller dormir chez ton... tu ne vas pas embarquer Jolan pour la nuit mon cœur, laisse-le avec nous !

— Je ne veux pas le laisser toute la nuit. Et ça ne pose absolument aucun problème qu'il soit avec moi.

— Moui enfin pour s'envoyer en l'air hein... murmura Markus, un sourire au coin des yeux.

— Ben y'a pas que la baise dans la vie. On veut juste passer un peu de temps ensemble et lui et Jolan se connaissent bien. Il n'y a pas de problème. Vraiment. Vous savez très bien que je ne mettrais pas Jolan en danger, hein ?

Jasper enlaça l'Oméga aux cheveux bleus et lui planta un baiser sur la tempe, puis embrassa la joue veloutée du bébé.

— Bien sûr qu'on le sait. On veut juste que tu saches aussi qu'il est tout autant en sécurité avec nous si tu veux passer du temps en solo avec son rencard.

Juan sourit largement, et saisit son sac volumineux après que Jasper l'eût relâché.

— Peut être un soir de la semaine prochaine, oui. Mais pas pour la nuit, mon chou. J'aime pas dormir sans lui.

Juan laissa Markus l'embrasser dans le cou, penchant la tête sur le côté pour lui accorder un meilleur accès à sa peau, et lui planta un baiser sous le menton en retour avant d'abandonner ses amis enlacés. On était vendredi, les enfants étaient à l'école, Yaël dormirait près de deux heures l'après-midi, et Juan était heureux de leur laisser le champ libre. Il était attendu chez Rémi pour le déjeuner, et pour y rester jusqu'au samedi. La grosse réception prévue au Palais Présidentiel avait eu lieu la veille, et l'Alpha avait donc posé une journée de récupération le lendemain. Il avait juste demandé à Juan de ne pas arriver de trop bonne heure et de fait... l'Oméga le tira du lit, bien qu'il fût près de midi. Les cheveux en bataille, l'ombre d'une barbe piquant ses joues et la voix encore un peu rauque de Rémi lui firent monter le rouge aux joues.

— Pardon, j'arrive trop tôt ?

— Non, Chaton. C'est moi qui ai dormi trop tard.

Rémi passa un bras autour de sa taille et l'embrassa au coin des lèvres tout en le délestant de ses affaires, qu'il alla déposer directement dans sa chambre. Juan l'y suivit, dénouant lentement l'écharpe soyeuse dans laquelle Jolan s'était endormi.

— T'as pas remonté ton sommier ?

— Pas tant que vous êtes susceptibles de venir dormir ici.

— Pauvre Thomas !

Rémi ricana.

— Il a été récompensé pour sa patience, t'en fais pas. Il a eu le loisir de regarder sa sœur m'aider à tout descendre à la cave sans lever le petit doigt !

L'Oméga sourit, et déposa délicatement son fils sur le matelas à ras du sol. Puis il se tourna vers Rémi qui l'attira brusquement entre ses bras où il se lova avec délices. L'Alpha picorait son cou de baisers, diffusant des phéromones douces et apaisantes. Juan soupira d'aise et suçota la gorge de Rémi, qui frissonna.

— J'ai réservé des billets pour l'exposition de ce sculpteur que tu voulais voir, pour cet après-midi. Ça ira avec la sieste de Jolan ?

Juan releva le nez et lui planta un baiser sur la bouche, enchanté.

— Bien sûr que ça ira, il dormira sur moi en écharpe ! Il est petit encore, il dort partout !

— Formidable !

Rémi glissa ses mains en coupe sous le fessier de l'Oméga, qui enroula ses jambes autour de lui, amusé, se laissant emporter vers la cuisine en gloussant tout bas. L'Alpha lui proposa de cuisiner pour eux et Juan se hissa sur un haut tabouret de l'îlot central pour le regarder faire. Rémi lui sourit, et l'Oméga l'observa quelques minutes avant de se faire rattraper par le quotidien. Jolan s'était réveillé et Juan fonça le chercher avant que son tout petit ne panique de se retrouver dans un endroit inconnu. Enfin, peu connu. Enfin, pas chez lui. Enfin, bref, Juan avait peur que son fils ne pleure. Il ne savait pas gérer les pleurs. Pas ceux de Jolan. Ils lui brisaient tellement le cœur, le renvoyant constamment à son incapacité à le comprendre, à savoir ce qui lui arrivait, à être un bon parent. Pourtant il était un bon parent. Ses amis le lui disaient, sa médecin le lui disait, sa psychologue le lui disait, et même lui, objectivement, il le savait. Malgré tout, il avait constamment l'impression de ne pas être à la hauteur.

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