Chapitre 20

554 50 2
                                    


Le lendemain, il fut brutalement réveillé par la sonnerie de son téléphone. Il grommela lorsqu'il lut le nom sur l'écran, et décrocha en se redressant pour accueillir les deux bébés contre son torse, parce qu'évidement eux aussi avaient été tirés de leur sommeil et que leur premier réflexe est toujours de chercher une tétée. Il s'adossa au mur, courbaturé par sa nuit passée coincé entre les tout-petits sur un matelas au sol.

— Juan ? Nous sommes sur le retour et nous pouvons passer vous chercher dès que possible mais l'appartement est un peu petit, nous n'avons rien trouvé à si courte échéance qui soit proche de l'école des enfants et...

— Bonjour à toi aussi Claire.

Décidément, le réveil en panique c'était une manie chez les Tahéal.

— Pardon, Juan, bonjour. Je te réveille ?

Il passa une main fatiguée sur son visage, puis revint enlacer son fils de son bras. Yaël, lui, se tenait fort bien tout seul, à califourchon sur sa cuisse et les deux mains plaquées autour de son téton.

— Un peu. C'est pas très grave. Les enfants ont mal dormi mais on se rattrapera à la sieste. Pour l'appartement l'important c'est que vous puissiez prendre Théo et Charlie, moi si j'ai que les deux petits je peux me débrouiller et trouver un studio en location aussi et...

— Mais pas tout seul enfin !

La porte s'entrouvrit et Rémi y passa la tête, un sourcil haussé. Il avait compris qu'il se passait quelque chose et Juan lui résuma le problème en quelques mots. L'Alpha haussa une épaule.

— Tu peux rester ici avec Yaya et Jolan.

— Mais...

Rémi secoua la tête et tendit la main pour y recevoir le téléphone. Il le mit sur haut-parleur et rassura la mère de Jasper en quelques phrases. Juan le regardait, écarlate. Passer encore une semaine avec Rémi après les événements de la veille allait sans aucun doute être compliqué. Il n'arrivait même pas à le regarder dans les yeux, bon sang ! Mais il ne lui fallut pas longtemps pour se ranger aux arguments de son ami. Avoir un relai au moins le soir avec les enfants serait un soulagement infini. Même si c'était Rémi. Ou surtout si c'était Rémi ?

L'Oméga s'empourpra, puis se trouva ridicule. C'était lui qui avait insisté pour que Rémi lui parle de ses sentiments. C'était lui qui avait demandé à être embrassé. C'était lui qui avait eu une érection incontrôlée, lui encore qui avait initié la suite, et tout ce qu'avait fait Rémi c'était suivre ses envies et lui offrir un des meilleurs orgasmes de toute sa vie. Il n'y avait aucune raison pour que son ami force quoi que ce soit, en réalité. D'ailleurs le reste de la journée lui donna raison. Ils furent si occupés avec les quatre enfants que les heures filèrent à toute allure jusqu'au départ des deux plus grands avec leurs grands-parents.

Le jour déclinait déjà lorsque les ados rentrèrent, et Rémi vivait un calvaire logistique. La nuit précédente, il avait laissé son lit à Juan. Et pourtant Juan avait dormi par terre avec les bébés. Il se sentait profondément idiot de ne pas y avoir pensé. Lorsque ses enfants étaient petits, ils disposaient d'un berceau qui se collait au lit parental. Mais chez ses amis, tout le monde dormait ensemble à ras du sol.

Pris d'une subite inspiration, il réclama l'aide de son fils et s'enferma avec lui dans sa chambre. Intrigué par les bruits, Juan finit par entrouvrir la porte et éclata de rire.

— Sans déconner ? T'es en train de démonter ton sommier ?

— Ben quoi ? Comme ça vous pourrez dormir comme vous avez l'habitude !

RévolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant