Huit jours plus tard, Julie était sur le pied de guerre chez ses amis et tournait autour de Juan sans discontinuer pendant qu'il se maquillait, pour la première fois depuis la nuit de son accouchement. Son eye-liner démarrait bleu clair au coin de l'œil et tirait sur le mauve pour finir en paillettes violettes et il recommençait son œil droit pour la troisième fois.
— Julie, sans déconner, arrête de me stresser ! Pour la millième fois, non, je ne veux pas mettre de paillettes dans mes cheveux en attendant de refaire une couleur. Je ne sais même pas si j'en referais une un jour, d'accord ? J'ai pas besoin de paillettes pour aller boire un café, merde !
— Pour aller à un rencard dans un café, nuance !
— Raaaaaaaaah Markus ! Aide-moi !
— Papa sort mes muffins du four, tonton Juanito.
— Ah. Merci Théo. Tu veux pas en offrir un à Julie ? Histoire qu'elle s'étouffe avec et me fiche la paix ?
Le garçon gloussa, mais il entraîna néanmoins son amie jusqu'à la cuisine, et l'Oméga put finir de se préparer tranquillement. Il n'avait pas fait beaucoup plus d'efforts que huit jours plus tôt au bar, un jean noir et une chemise turquoise imposée par Julie parce que « si tu en as pas dans les cheveux au moins mets en dans ta tenue, qu'il te voie un peu tel que tu es ! ». À vrai dire, c'était aussi pour ça qu'il s'était maquillé. Parce qu'il avait envie de plaire, certes, mais de plaire tel qu'il était... habituellement. Tel qu'il avait été avant la naissance de Jolan et la dépression. Avant Marc, même.
Quand il se présenta à la cuisine à son tour, Jasper siffla légèrement.
— Tu es sublime. Si j'étais lui, j'aurais envie de te f... il s'arrêta net, se rappelant brusquement la présence de ses enfants autour de la table, dévorant leur goûter. Il se pencha vers Juan pour chuchoter au creux de son oreille. De te foutre à poil pour savourer le reste.
— Bon sang, heureusement que t'es pas lui, alors !
Markus ricana, gagnant un baiser de son mari pour le faire taire, puis l'Oméga sourit à son ami.
— Il est bête, mais il a raison cela dit. Tu es sublime et si ton Hassan de craque pas, c'est qu'il est aveugle. Ou idiot. Ou les deux.
— A priori il n'est rien de tout ça. J'y vais, soyez sages !
— T'es sur que tu veux pas qu'on garde Jolan ?
— Et renouveler le fiasco de vendredi soir ? Non merci. Quitte à avoir des montées de lait, j'aime autant que ça finisse dans son petit gosier plutôt que partout sur ma chemise. Et puis si je lui plais, autant qu'il sache dès le début que Jolan fait partit du lot. C'est nous ou rien.
Juan saisit la longue bande de tissu colorée qui trainait sur le canapé. L'écharpe de portage, d'une douceur incroyable, avait servi à Charlotte, puis à Yaël et si ce dernier y allait de moins en moins, Jolan y faisait bon nombre de sieste lorsque son père devait sortir, ou même simplement parce qu'il ne trouvait pas le sommeil à la maison. Juan avait peiné un certain nombre de fois avec les nouages mais il avait fini par prendre en main la chose et ces cinq mètres de tissu étaient devenus son meilleur allié en balade. Pour rien au monde il se serait encombré d'une poussette dans les rues de Paris. Il la noua en quelques instants, son tout petit lové contre lui, et il enfila par-dessus le chaud manteau, un peu trop grand puisque emprunté à Markus, prévu pour les protéger tous les deux du froid qui régnait en ce début de décembre. Il hissa sur son épaule sa besace dans laquelle un nécessaire de change avait remplacé sa trousse de maquillage aux côtés de son portable et de son portefeuille, et il salua ses amis en sortant.
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Révolution
RomanceUne révolution, c'est un bouleversement, un changement. Une révolution, c'est aussi un tour complet sur soi même. Le tour que la Terre fait autour du soleil. Une révolution, c'est aussi ce que vit Juan, Oméga récessif, considéré comme stérile, 35...