TOME 2 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Penser. Il faut penser à la suite. Aux projets futurs. À l'avenir.
Séléna Brand a passé le voile, pour entrer dans le vrai monde. Celui où vivent les monstres, et ses amis. L'assassinat de l'un d'entre eux la po...
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Un Garvalf obéit à son alpha. Un alpha obéit au Suprême. Mais quand il n'y a plus de Suprême, la hiérarchie s'effondre. Il reste alors les Wers, une caste bien particulière de ce peuple. Une caste si peu nombreuse qu'on la pense éteinte, à ce jour. Sans doute n'a-t-elle pas survécu aux années ayant suivi la Grande Traque.
Extrait du Bestiaire Ancestrale, bibliothèque de la Prima Agence
L'heure des séparations se fait sous un ciel gris, à l'image de mon esprit. Alors que nous finissons de harnacher les chevaux, Vadim vient me trouver, occupée comme je le suis avec un Asman récalcitrant.
- C'est ton jour, râlais-je après l'animal, refusant de porter ma selle, qui, curieusement, s'adapte aussi bien au dos du hongre que de l'étalon.
Asman s'ébroue, et aurait sans nul doute fait un trou dans le tapis si je ne l'avais retiré à temps du sol. Mon ami toussote dans mon dos, et je me retourne vers lui, pointant un doigt rageur en direction d'Asman.
- Pourquoi avoir donné plus de cervelle à cette bourrique ? maugréé-je, avant de fusiller du regard le jeune cheval. Il n'en avait clairement pas besoin pour exprimer son point de vue !
En retour, Asman ronfle, peu intimidé. À sa gauche, Duman nous observe, circonspect, mais refusant de toute évidence de prendre parti. Je soupire, puis passe à autre chose, en avisant la mine sombre de Vadim.
- Vous partez, c'est ça ? deviné-je sans mal.
Son air triste parle pour lui, et j'ai tôt fait de le prendre dans mes bras, mes doigts crochetés à sa nuque. Par-delà ses épaules, j'aperçois Aleksandr faire ses propres adieux, le cœur aussi lourd que celui de Vadim. Tandis que le Domovoï embrasse son amant, je recule, en attrapant les deux mains de mon Vanpir d'ami.
- Pas de bêtises pendant la route, hein ?
Mon ton faussement maternel lui fait esquisser un léger sourire, qui n'atteint pourtant pas ses yeux.
- Ne t'inquiète pas, Léna. Avec une compagnie pareille, je ne risque pas grand-chose...
Jetant un coup d'œil derrière lui, il laisse échapper un faible grognement, avant de revenir vers moi.
- Je croyais que tu l'aimais bien, le taquiné-je, restant légère, pour compenser l'obscurité que je lis dans les yeux de mon ami.
- Là n'est pas le problème, rétorque-t-il plus clairement. Il a tendance à trop parler, lorsqu'il se trouve en petit comité. Je ne sais vraiment pas comment fait Akim pour le supporter, au quotidien.
Si Vadim est de dos, et se moque bien qu'on l'écoute, je remarque Akim, relever la tête dans notre direction. Un sourire de requin apparaît alors, me laissant présager le pire.
- Il est excellent au lit. Voilà pourquoi je le garde.
Aleksandr pousse un hoquet étranglé, tout en rougissant violemment, là où j'éclate franchement de rire, jusqu'à devoir effacer une larme au coin des yeux. Vadim, lui se contente de lever les yeux au ciel.
