TOME 2 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Penser. Il faut penser à la suite. Aux projets futurs. À l'avenir.
Séléna Brand a passé le voile, pour entrer dans le vrai monde. Celui où vivent les monstres, et ses amis. L'assassinat de l'un d'entre eux la po...
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Le Pacte de non-agression signé entre l'Agence et le grand prince nous préserve. Mais qu'arrivera-t-il, si les Ivanov nous tournent le dos ? S'ils perdent le trône, ou si les Domovoï partent en guerre contre eux-mêmes ? Il nous faut l'assurance que l'humanité demeure protégée, quoique l'avenir nous réserve. C'est pour ça qu'il nous la faut, la Chastiefol.
Echanges récents, réécrit par l'un de scripts, réunion des leaders de l'Agence
Les murs sont assez fins pour que nous percevions tous le crachat, probablement sanguinolent, de Dimitri.
- Quand est-ce que je l'ai su ? répète le Vanpir d'une voix traînante qui ne lui correspond pas. À ton avis ?
- Quand ? gronde Stevan, perdant patience.
- Quand je l'ai vue pour la première fois.
Il y a un nouveau coup, suivi d'un craquement. Aucun gémissement ne provient de la salle, mais cela ne veut pas dire pour autant que Dimitri ne souffre pas. Cela veut juste dire qu'il sait encore encaisser. Qu'il peut encore tenir, face à ce traitement.
- Oui, Stevan, reprend-il, dans un souffle étranglé. Lorsque tu m'as traîné à la maternité, à sa naissance. Pour la voir.
- Tu savais, depuis tout ce temps. Depuis...
- Dix-neuf ans, affirme Dimitri.
Le silence se poursuit durant de longues minutes, où l'on ne perçoit que leurs respirations, rendues difficiles par l'effort. L'effort de tabasser son ami, pour Stevan. L'effort de survivre aux coups de son prince, pour Dimitri.
- Pourquoi... Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit ? lui demande Stev, maintenant plus calme.
- Quel intérêt ? Comme toi, je pensais que tu ne vivrais pas toujours à ses côtés.
- Et après son dépassement de Clenche ? Pourquoi, Dimitri ? Pourquoi as-tu continué à me le cacher ?
Sa voix est plus dure, signe que son calme n'est qu'une apparence. Il n'est absolument pas apaisé par les mots de son ami. Seulement arrêté dans son massacre.
- J'avais peur de ta réaction.
Un long rire émerge, et il me faut un moment avant de me comprendre son origine. Son propriétaire. Stevan rit, mais est si cassé qu'il rend son habituel rire doux par quelque chose de terrible à entendre. Terrible... et effrayant. Car le gouffre, l'espaçant de son animalité, n'a jamais été aussi proche.
- Peur ? Toi ? Allons, Dimitri, ce mot n'appartient pas à ta petite facette d'émotions. Tu ne sais pas ce que c'est, que d'avoir peur.
Dimitri encaisse comme il le peut, mais je l'entends grogner, et le soupçonne en train de se relever, pour faire face debout à son prince. Je l'imagine, la gueule défoncée, tenant son bras contre son estomac, plus noir que jamais.
