Chapitre 23 🥀

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Il exista un être, capable du pire

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Il exista un être, capable du pire. Uniquement du pire. Il tua, détruisit, et ne s'arrêta pas. Pas avant qu'on ne lui prenne tout. Son libre arbitre, ses armes, sa liberté.

Il exista un être, que seul l'invisible pouvait contrôler.

Il exista un être, qui rêvait de détruire l'indiscernable.

Chant Bruxtias

- Alastor.

Ce prénom sonne creux, dans cette pièce parasitée par la tension existante. Mais la Bête a encore une nouvelle expression sur son visage. Celui d'un chat repu, ayant obtenu entière satisfaction. Ses longues jambes, engoncées dans un pantalon aussi noir que tous ses meubles, sont étirées sur le brasero éteint. Une plaque en fer forgé le surplombe, ce brasero, et me vient l'idée de plusieurs utilisations, lorsqu'il est allumé. Un regard vers l'un des disciples du maître me confirme la similarité entre les motifs de la plaque, et les profondes marques de brûlure sur son visage.

- Quelle douce voix pour prononcer un nom qui a fait couler tant de sang ! s'exclame subitement la Bête, en me faisant sursauter. Mais quel plaisir de l'entendre à nouveau !

Il repose ses pieds au sol, et se penche sur ses cuisses, son buste avançant vers moi. Trois mètres nous séparent, mais j'ai soudain la sensation que cela fait plus que quelques centimètres.

- Je me demande qui a bien pu te transmettre pareille information...

Il joue, réalisé-je après coup. Car son sourire se fait sadique, pervers. Il sait parfaitement que je rencontre Lissa, son ancienne amante. Il ignore uniquement la teneur de notre dernier échange, et cela... Cela le ronge. Il veut savoir, car savoir est pouvoir.

- Peu importe, réplique Stevan en chassant sa question d'un geste, revenant par la même occasion dans la conversation. Nous avons attendu, comme convenu. Maintenant, il nous faut conclure ce sujet.

- Lequel ?

S'amusant comme un fou, la Bête se renfonce dans l'épais coussin, et l'un de ses disciples se penche sur son épaule, en quête de caresse. Comme un chat humanoïde. Une vision bien dérangeante, dont je tente de faire abstraction avant de plonger définitivement dans la folie.

- Dimitri Baranov, maître, rétorque son prince, plus posément que tout à l'heure.

J'ignore à quoi se sont-ils tous tenus, durant mon absence, mais il semblerait que le changement de salle soit propice à l'apaisement des esprits.

- Ou devrais-je dire Alastor, car tel est ton nom, que je n'ai moi-même pas entendu depuis mon enfance, conclut Stevan, d'un ton plus mordant.

Au temps pour moi. Je grimace, en apercevant le visage de la Bête se fermer. Si son nom sonne délicieusement de ma bouche, il semblerait que ce ne soit pas de même avec Stevan. Ou peut-être que sa réaction n'est liée qu'aux propos même de son prince. Après tout, qu'il connaisse lui aussi son nom de naissance peut surprendre. Mais n'est pas fils d'Isidore qui veut. Et Stevan, à l'image de ce père qu'il ne veut pas, rassemble les secrets comme le ferait une pie avec des objets scintillants.

Trois mois sous silence - La Traque (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant