Epilogue 🥀

169 20 0
                                    

Je goûte à l'apogée de mon destin

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je goûte à l'apogée de mon destin.

Je goûte, les lèvres écarlates.

Je goûte, le pouls erratique.

Et je dévore ce cœur, que je n'ai jamais eu.

Le souffle court, je contemple la taïga immobile, attentif à ce que l'on ne voit pas. Au vent tournant, dans ma direction. Une longue inspiration, et je souris. Car Père avait raison, il ne suffit pas de suivre le vent, pour être béni. Il faut l'imposer à soi, l'obliger à suivre notre corps, et notre propre destinée, pour se construire un nouveau chemin. Celui de la liberté. Extatique, j'observe les cadavres se balançant, sous mes yeux. Je ne les vois pas, pourtant. Ils ne représentent rien pour moi, si ce n'est la délectation de me voir prendre l'ascendant, une fois de plus. Il m'imaginait me punir, en me privant de ces soldats. Il pensait me rappeler à mon allégeance, en les éventrant. Seulement, le petit prince ignore tout. Il sait, mais pas assez. Pas assez pour me contrer. Et ce, même s'il détient auprès de lui la clef. Ma clef, celle de mes chaînes. Celle de mes barreaux. Je passe une main sur la surface lisse, juste devant moi, et la vitre opaque disparaît, ne laissant qu'un mur épais, infranchissable. L'on vient se frotter à ma hanche, l'on vient réclamer mon attention. Je n'ai qu'à formuler un mot pour que l'on me laisse tranquille. Pour qu'on parte sur ses traces, pour la surveiller. 

Je le sais, pourtant, qu'elle tentera quelque chose contre moi. Je l'ai vu, en la provoquant. En la terrifiant. Qu'elle essaie, juste un instant. Qu'elle s'imagine dépasser mes plans. Je tuerais ses espoirs si sauvagement que cela sera beau. Ce sera sans nul doute mon plus beau tableau. Du sang, son visage et le mien. Je veux voir sa détresse, et son désespoir, que je pourrais alors respirer. Car il n'y aura personne pour venir la chercher, dans mes bras. Il n'y aura personne pour la sauver de la folie que je ferais naître en elle. Personne. Père m'a bien éduqué. Il me disait souvent qu'il ne fallait jamais se contenter de peu, si l'on pouvait faire plus. Je veux sa chute. Je veux sa mort. Et, plus que tout, je rêve de liberté. Celle qu'on m'a contée, alors que j'étais déjà enfermé. Un être est venu, zébré de cicatrises bleutés, un monstre au corps, une âme ravagée par le temps. Il était vivant depuis trop longtemps pour être totalement cohérent. Il avait trop voyagé pour ne pas se perdre dans ses souvenirs. Mais il m'a parlé des autres contrés à explorer. Non pas seulement celles de notre monde. Les autres. Celles, encore inexplorées par d'autres que lui. Celles, belles à se damner. Celles, inhospitalières pour des êtres de chair. Celles, si loin qu'il faut bien des millénaires pour les rejoindre. 

J'ai écouté cet homme me parler d'une autre vie, que je désespère de connaître. Il m'a demandé ce qui me retenait, et je lui ai montré mes chaînes. Son rire était grave, lorsqu'il s'est tourné vers moi, en repoussant cette capuche, qui lui masquait le visage. Sa tête canine m'a intrigué, mais bien moins que ses paroles, lorsqu'elles ont été prononcées. Nous sommes tous enchaînés, enfermés dans des carcans de fer et de soie. C'est à nous de trouver la clef pour en sortir. La patience pour dévoiler les mystères derrière les barrières. Nous sommes notre propre geôlier, notre bourreau, et il ne tient qu'à nous d'inverser le sens du vent qui nous porte. Je souris encore, repoussant les souvenirs d'un passé lointain, qui n'a pourtant de cesse de me hanter. Je ne me suis pas contenté de changer le sens du vent. J'ai décidé de conquérir l'élément, pour le modeler à l'image de ma vengeance. Je ne me contenterais pas de liberté. Je n'aspire pas qu'à voir d'autres étoiles. Je veux tout. La mort et la vie. Notre monde et ceux sous-jacents. Cette galaxie et la rencontre d'un millier d'autres. Et la tête de celui qui n'a plus de nom. L'impie, l'exilé n'étant jamais parti. L'invisible.

 L'invisible

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Trois mois sous silence - La Traque (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant