TOME 2 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Penser. Il faut penser à la suite. Aux projets futurs. À l'avenir.
Séléna Brand a passé le voile, pour entrer dans le vrai monde. Celui où vivent les monstres, et ses amis. L'assassinat de l'un d'entre eux la po...
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Nous sommes maintenant tout à fait sûr que des Vanpirs se cachent, à l'Est du pays. Nos agents, actuellement en déplacement, nous rapportent des disparitions mystérieuses, dans certaines villes sibériennes. Des disparitions inquiétants les polices locales, et entraînant des traques. Jusqu'à présent, ils n'ont rien trouvé. Espérons que cela demeure en ce sens.
Propos recueillis lors d'un échange entre l'Agence de Moscou et la Prima Agence
Face à moi, le masque tombe enfin, révélant le vrai visage de Dimitri. Celui, perdu, d'où découlent mille et une contradictions. Plongeant dans ses yeux désorientés, je rencontre son inquiétude, son désespoir, et un sentiment si fort qu'il balaie tous les autres. Un sentiment si puissant qu'il me fait même trembler. Car pour la première fois depuis bien longtemps, Dimitri a peur. Et celle-ci est dévastatrice. Elle est pure, destructrice, et annihile tout sur son passage, jusqu'à me couper totalement le souffle.
- Explique-moi, Léna.
Sa voix grave, d'habitude si calme et contrôlée, est dorénavant chargée d'émotions. Cette voix me fait frémir. Me fait réagir. J'ouvre la bouche, mais rien ne vient. Et alors, Dimitri, plus fragile que jamais, se montre sans défense.
- S'il te plaît, Léna... Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Il faut... Il faut que tu m'aides.
Les yeux écarquillés, je le dévisage, comme je regarderais un inconnu pourtant familier. Lui, le grand Vanpir, le loup solitaire, se retrouve désarmé. À ma merci. Ça, cette vision de lui, parmi tant d'autres choses, est effarante. Elle prouve le pouvoir que j'ai sur lui, en cet instant. Elle m'offre le moyen de le détruire. Mais je n'ai aucune envie de porter le coup de grâce. Seulement... Seulement d'obtenir les réponses que nous sommes venus chercher. Passant une main tremblante sur mes joues, pour effacer les marques de ma terreur, je renifle, me redonnant une certaine contenance.
- De quoi as-tu peur ?
Mon murmure est à peine audible, mais son frémissement me pousse à croire qu'il m'a parfaitement entendu. Il me faut pourtant croiser son regard tourmenté, pour déceler une question muette, en suspend. Je n'y répondrais pas. Pas sans une demande claire. Il le sent, il le voit. Alors, au prix d'un effort surhumain, il pose cette question, qui le terrifie tant. Et qui me laisse interdite.
- Qui ai-je tué ?
Elle me glace, cette question. Elle me tétanise, tout en me prenant à bras le corps pour une danse macabre. Car alors, je comprends avoir eu raison, de douter des caméras. De douter des paroles de mon meilleur ami. De lui placer ce doute, persistant en moi. Dimitri... ne sait pas.
- Tu ne sais vraiment pas ? insisté-je, dorénavant pleine d'espoir.
Il me renvoie un regard si perdu, si déboussolé, que je me sens bientôt incapable de bouger, comme si mes muscles étaient composés de plomb.
