TOME 2 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Penser. Il faut penser à la suite. Aux projets futurs. À l'avenir.
Séléna Brand a passé le voile, pour entrer dans le vrai monde. Celui où vivent les monstres, et ses amis. L'assassinat de l'un d'entre eux la po...
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Treize épreuves pour devenir assassin
Treize épreuves pour survivre
Treize épreuves pour mourir
Si nous réussissons, nous rentrons officiellement au service du maître
Si nous échouons... nous perdons tout
Propos recueillis par un survivant, revenu de Russie. Archives Ivanov
Nous restons silencieux un moment, après cela. Longtemps, indéfiniment. À nous dévisager, à s'éviter, à nous contempler. Dimitri finit par lâcher un soupir, infime souffle dans cette minuscule pièce.
- Vous êtes venu me chercher. Ce sont tes mots, plus tôt. Le jugement qui m'attend concerne le décès de Sevastian, n'est-ce pas ?
- Oui. Mais nous cherchons des réponses avant tout, l'informé-je d'une voix douce, trop, sans doute. À commencer par la raison de ton acte, que nous pouvons expliquer, maintenant.
- Par ta marque. Par la Bête.
J'acquiesce, l'observant désormais minutieusement. Lui est trop ailleurs pour s'en rendre compte. Mais je sais, après tout ce que nous nous sommes dit, qu'il n'est pas au courant de la vérité, offerte par Isidore dans une coupelle empoisonnée. Il m'a interdit de la révéler à son fils, mais il ne m'a jamais rien dit concernant le Vanpir en fuite. Prenant ma décision, j'ouvre la bouche, bien décidée à révéler une chose que mérite de connaître Dimitri. Je suis pourtant arrêtée avant, par un frottement, derrière la porte.
- Que... s'étonne Dimitri, faisant mine de se lever.
- Laisse.
Ma voix résonne plus fort, alors que le bruit s'interrompt, de l'autre côté, m'en prouvant l'auteur.
- C'est un des disciples de la Bête.
Le Vanpir me fixe, avant de se rasseoir tout à fait, sur ce sol froid.
- L'un de ceux qui venaient te voir, c'est bien ça ?
Au son de sa voix, rendue dure par une émotion que je ne saurais expliquer, je me détourne de la porte, et tente de croiser son regard. Il m'échappe, baissant les yeux vers l'espace nous séparant. Mais j'ai le temps de voir ses yeux s'embrumer d'une tempête argentée. L'envie de le toucher, pour l'apaiser, me reprend, mais je cache mes mains sous mes cuisses, de peur de provoquer autre chose que cette colère, que je vois naître dans ses évitements.
- Il les appelle ses enfants, m'informe-t-il, d'une voix sciemment neutre. Le maître. J'ignore ce que ces pauvres hères étaient avant, mais aujourd'hui, la Bête en a fait ses rejetons. Des êtres entièrement dévoués à lui, marchant dans ses pas, buvant ses paroles, appuyant ses propos. Cela fait huit jours que je suis ici, et mon envie de leur faire mal n'est jamais partie. J'ai... besoin de les abîmer, comme ils t'ont blessé, en s'incrustant dans tes rêves. En pénétrant dans des lieux surprotégés, pour t'attaquer. À chaque fois que l'un d'entre eux s'attarde dans un coin sombre, je dois me retenir. Et de toutes mes forces. Parce que...
