Chapitre 9 🥀

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Depuis la mort de l'alpha suprême, une quinzaine d'alphas dirige les dernières meutes de ce monde

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Depuis la mort de l'alpha suprême, une quinzaine d'alphas dirige les dernières meutes de ce monde. Tous sont asservis par le grand prince, et œuvrent à sa grandeur. Tous supportent l'insolence des Saigneurs, le mépris des Vanpirs, avec qui ils doivent travailler main dans la patte. Cela n'est jamais évident.

Hiérarchie actuelle des Garvalfs

L'hôtel où nous nous arrêtons, vers vingt heures, se découvre par une petite porte, que nous franchissons sans rencontrer la moindre âme qui vive. La cour où nous entrons semble fraîchement refaite, couverte de pavés gris trop propres pour être très anciens. En son centre, une fontaine carrée supporte une jeune fille en granite pâle, que l'on a représenté les pieds dans l'eau. Des tables en fer sont installées sous des lampions colorés, entourées de buissons impeccablement taillés. Puis s'élève l'hôtel, sur trois étages. Les murs sont couverts de fines briques ocre, et des colonnades noir charbon supportent les balcons à chaque étage. Sur la gauche, j'aperçois un autre édifice, pratiquement entièrement vitré, qui me permet d'en déterminer son utilité. Visiblement, c'est ici que nous petit-déjeunerons demain matin, si Stevan me laisse attraper quelque chose en passant. Nous entrons ensuite dans le bâtiment principal les uns après les autres, pour découvrir un salon où brûle déjà un feu dans la cheminée. Des fauteuils en cuir marron encadrent une table basse ébène, tandis que s'étalent plusieurs bibliothèques contre les murs, et d'autres canapés en velours vert. À notre droite, je remarque un coin lecture, occupé par un vieux couple jouant déjà aux échecs. Ceux-ci ne s'arrêtent pas dans leur partie, trop concentrés l'un sur l'autre. Je peux sentir la tension naissante au sein de l'équipe, en prenant conscience d'humains dans les parages. Cela n'arrête pourtant pas le prince, qui s'en vient appuyer sur la sonnette du comptoir. Un joli et ancien meuble servant d'accueil est installé à l'extrême limite de la pièce, juste à côté de l'escalier menant de toute évidence aux chambres. Derrière le comptoir, l'écriteau d'une porte fermée prévient du retour d'un responsable. 

Responsable qui finit par pousser les battants, alarmé par la sonnette ou par la simple présence de mes amis. L'homme, un Garvalf, se fige dans l'encadrement de la porte et toise notre étrange équipée d'un mauvais œil. Le propriétaire de l'hôtel n'est pas aussi grand que Bregolas, mais se défend bien. Et sa hauteur est largement compensée par sa largeur. Bregolas est musclé, mais celui-ci se classe dans les poids bien plus lourds. À vue de nez, il doit dépasser les cent dix kilos et, dans sa chemise de bûcheron et son jean troué, il semble vraiment à l'étroit. Une épaisse moustache, deux yeux sombres viennent conclure le portrait de l'inconnu, qui paraît avoir perdu sa langue. Notre Garvalf me pousse légèrement pour remonter notre petite file, et se poste aux côtés du prince, scrutant l'hôtelier avec grande attention.

- Aurait-on oublié comment l'on traite un prince en visite dans ton village ? s'exclame-t-il alors, de sa voix de stentor. Si tu ne changes pas vite d'attitude, Dasha, tu risques d'avoir quelques problèmes.

Passé la surprise, le dénommé Dasha répond à Bregolas, dans leur langue ancestrale. J'ignore les paroles qu'il prononce, mais en comprends sans mal la portée, lorsque notre Garvalf passe à l'action. Ce n'est pas Isidore, qui se contente d'un doigt levé pour faire souffler un vent violent. Ça n'a pas la même glaçante délicatesse, mais cela ne manque pas de panache. Bregolas se contente d'attraper la tignasse poivre et sel de son interlocuteur, qu'il a fort longue, avant de lui écraser le front sur le comptoir. Une fois. Deux fois. La troisième, la sonnette s'interpose entre la chair et le bois, et rugit sa désapprobation en se prenant un coup. Si le bruit alerte les deux joueurs, je ne le vois pas. Je suis trop ancrée dans la violence des gestes pour penser à autre chose. Dans la rapidité des mouvements de Bregolas, et sa nonchalance en effectuant des gestes rodés par l'habitude. Quand il abandonne l'hôtelier, celui-ci recule d'un pas incertain, une main posée sur son front. Le comptoir, lui, a été repeint de vermeil, et présente dorénavant une marque indélébile, preuve du passage de son propriétaire. Celui-ci peine un moment à tenir debout, puis parvient à se maintenir contre le mur, les yeux écarquillés. Puis je le vois. Ce léger tressaillement de colère. Sa peau se couvre par endroit d'une épaisse fourrure, qui ne fait que passer. Mais la transformation est là, bien présente dans son sang. Dans sa rage.

Trois mois sous silence - La Traque (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant