TOME 2 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Penser. Il faut penser à la suite. Aux projets futurs. À l'avenir.
Séléna Brand a passé le voile, pour entrer dans le vrai monde. Celui où vivent les monstres, et ses amis. L'assassinat de l'un d'entre eux la po...
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Au sein d'une meute, il y a l'alpha. Le reste n'est que regroupements de Garvalfs, de familles et d'amitiés. Des liens forts réunissent ces membres, un lien leur permettant de communiquer tous ensemble, sous une forme ou l'autre.
Rapport établi sur les Garvalfs, étude de l'Agence de Nairobi
Deux jours s'écoulent en compagnie des Vanpirs du Saigneur d'Asie. Avec pareille escorte, nous ne pouvons décemment parler des sujets nous minant, et sommes donc tenus au silence. Après l'ascension du mont Bazardüzü en hélicoptère, où nos masques nous ont évité une perte dangereuse d'oxygène, le vol s'est poursuivi pendant quatre heures, jusqu'à la fin de l'autonomie de l'appareil. Après une pause d'une demi-heure sur un terrain vague en recul d'une ville, nous avons récupéré des voitures, que je soupçonne avoir été volées, avant de repartir sur la route. Deux jours à rouler, sans un mot, ou presque. Deux jours où mes nuits, dans un hôtel décrépi, sont malheureusement bien courtes. Mes hurlements, dus à une nouvelle plongée dans un mélange de cauchemars et de réalités, mettent en éveil tous les prédateurs des chambres mitoyennes, et poussent Stev à rester avec moi, me tenant suffisamment fort pour que je me sente en sécurité. Jusqu'à présent, c'était le rôle de Vadim de venir apaiser mes cauchemars. Seulement, avec les Vanpirs du Saigneur... nous devons tenir notre rôle.
Les dernières heures précédant le jour se font dans un silence opaque, particulièrement inconfortable, où règnent les non-dits. Puis, à l'aube, les Vanpirs nous abandonnent en quête d'un autre moyen de transport, non loin de la frontière mongolienne. Ayant évité en grande majorité les axes principaux, et les grosses villes, notre arrêt se fait en lisière d'une forêt sibérienne. J'observe les grands arbres d'un œil peu rassuré, m'attendant à tout instant à subir une attaque du maître. Le Saigneur n'avait pas particulièrement l'air inquiet en détaillant son plan d'attaque, et cela me force à me demander si elle connaît réellement la Bête. Elle se pense supérieure, là où mes amis doutent qu'un continent entier résiste à la colère du maître. Mais c'est sans doute ce que cherche Stev. Cette confiance en soi, dénuée de bon sens. Les voitures parties, le prince nous a rapprochés des bois pour faire un feu, histoire que je ne meurs pas prématurément. Au petit jour, Stevan tolère cette prise de risque. Les mains presque collées aux branches crépitantes, je suis des yeux les flammes, qui, petit à petit, prennent de l'ampleur. Les autres se sont rassemblés autour du seul coin de chaleur, plus par habitude que par réel besoin. Seul manque à l'appel Bregolas, parti se dégourdir les pattes. Ce sont ses mots, et je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil nerveux vers là où il est parti. Je n'ai aucune envie de l'entrapercevoir, comme cette nuit à l'hôtel. D'autant que les ombres sont encore nombreuses en cette heure de la journée, et qu'il lui serait facile de surgir tout d'un coup.
- Bon, et si nous revenions sur la rencontre avec Nyx ? propose Stevan, les mains enfouies dans sa grosse veste d'hiver, et le nez plongé vers les flammes. Je me doute que vous n'avez que peu suivi notre conversation...
