𝐍𝐄𝐕𝐄𝐑𝐌𝐈𝐍𝐃​

Chapitre XX

J'en avais besoin d'un autre. Il fallait que je tienne cette journée. Et l'autre d'après, et puis le jour d'après aussi, en fait la semaine. Il me fallait un autre café.

Je sortis des toilettes que j'avais empruntées depuis une bonne vingtaine de minutes afin de réviser quelques trucs pour les cours d'aujourd'hui. J'avais raccourci l'heure de mon réveil pour arriver au lycée le plus tôt possible et rattraper mon retard.

Bien que je me sois déjà enfilée un chocolat chaud et des gobelets de café pour me maintenir un minimum réveillé, je me sentais toujours dans les vapes quand j'étais debout.

Il m'en fallait un autre.

En sortant, je retrouvai les couloirs plutôt remplis, par rapport à mon arrivée, où c'était déserté.

Devant la machine à café, je me commandai un café. Le liquide coulait dans le gobelet, procurant un son agréable à écouter, à se focaliser, idéal pour s'évader quelques secondes.

« Hey, Saeji. »

Une main s'était posée sur mon épaule, et une voix s'ajoutant, me fit sursauter.

- Salut Su-Ha.

Su-Ha: Du café ? Je sais que tu t'es mise à en boire, mais t'en abuses pas trop par hasard ?

- Non, juste la dose qu'il me faut.

Je récupérai le gobelet une fois celui-ci prêt.

- Ça va toi sinon ?

Su-Ha : Ouais... Hum Saeji, t'es réveillée depuis quand ?

Ses yeux faisaient de petits aller-retour entre mon gobelet et mes yeux.

- Je me suis réveillée plus tôt aujourd'hui, pourquoi ?

Su-Ha : Ok... Viens avec moi.

Elle posa une main sur mon épaule et nous entraînâmes plus loin, éloigné des autres. Comme si elle cherchait à nous mettre dans le calme.

- Quelque chose ne va pas ?

Su-Ha : Moi si, toi il va falloir que tu te reprennes. Sae-Jin...

Ses mains vinrent se poser sur les miennes qui tenaient fermement le gobelet. Et tout de suite, le tremblement qui les parcourait, se calma.

Su-Ha : Tu as bu combien de café ?

- Je ne sais pas... Assez pour rester éveillé ?

De longues secondes passèrent où elle me regarda juste, sans rien prononcer, puis un petit sourire triste s'afficha sur son visage.

Doucement, elle me retira le gobelet de mes mains, et d'une main qu'elle posa sur mon épaule, elle me rapprocha d'elle pour me prendre dans ses bras.

Je me laissai faire, sans bouger, sans rien dire. Sans réaction.

Su-Ha : Je suis fière de toi tu sais, mais tu ne peux continuer à t'enfoncer comme ça.

Je ne compris pas toute suite ses mots. Où est-ce qu'elle voulait en venir ?

Puis, ses mots prirent sens et forment dans ma tête.

Je m'abandonnai sans même essayer de m'accrocher à ce qu'il me restait.

Je me vois. Je vois ce trou, noir, profond, infinie peut-être. Je m'abandonnai dedans. Plus le temps passait, moins je n'avais de force à essayer de me retenir en dehors. À quoi bon ? J'y tomberai bien un jour, non ? Combien de temps aurai-je tenu ?

S u-Ha : Tu n'es pas toute seule, tu sais ? On est là pour t'aider, pas pour te regarder partir. On n'attendra pas.

Elle resserra son étreinte, et enfin moi aussi, je retrouvai le réconfort dans ses bras. C'est ce dont j'avais réellement besoin. Pas ce liquide qui représentait l'infinie profondeur de ce trou noir.