de retour de vacances pour écrire le truc le plus trash du recueil I guess
Only If For A Night
Ça ne devrait pas faire mal, et pourtant il y a cette intense douleur au fond de lui, comme si un organe venait de lui être arraché. Le cœur peut-être, s'il en croit le silence dans le fond de ses tympans, là où il y a d'habitude le martèlement incessant ses battements.
Novak est fatigué, et il n'arrive pas à savoir si c'est à cause du match qu'il vient de perdre, ou à cause de la lente réalisation qu'il va devoir féliciter l'un de ses rivaux d'avoir réussi à lui prendre un nouveau titre. Il déteste se faire sortir en première semaine de Grand Chelem. Tous les regards sont braqués sur sa défaite, et on ne lui parlera plus que de ça jusqu'à la prochaine fois où il soulèvera l'US Open...
Dans tous les cas, il déteste devoir se tourner vers l'alcool pour faire taire les pensées noires qui prennent vie dans son esprit, mais il n'a pas d'autre choix s'il veut pouvoir aller dormir sans devoir attendre l'aube. Novak ne rêve que d'une chose, et c'est de retourner en arrière, pour mieux préparer son corps et son esprit. Il aurait dû mieux jouer, monter correctement au filet, mieux retourner les balles. Pas simplement regarder son adversaire l'abattre à chaque service, à chaque ace, à chaque lob.
Maintenant il n'y a plus la boule au fond de sa gorge quand il s'est rendu compte que c'était trop tard pour changer les choses, seulement la douleur acide et brûlante, à chaque gorgée supplémentaire de whiskey. Novak serre peut-être trop fort son verre, chaque erreur sur le court lui revenant en tête dès qu'il ferme les yeux, mais c'est plus fort que lui. D'ici quelques heures, peut-être quelques jours tout ça ira mieux, mais pour le moment, Novak ne peut plus penser à autre chose que son nouvel échec. Ça commence à lui peser trop lourdement sur les épaules, d'être incapable de gagner un nouveau Grand Chelem et de simplement devoir regarder Roger et Rafa le dépasser un peu plus.
Il n'a pas compté les verres, plutôt concentré sur le nombre de premières balles ayant finies dehors, alors Novak ne sait pas à quel point la note va être élevée quand il va en avoir fini avec son désespoir. Il sait juste qu'il a mal à la tête, un point de compression derrière chaque tempe, et que sa gorge lui brûle à chaque fois qu'il reprend une gorgée, sans qu'il ne puisse s'arrêter. C'est trop facile de se laisser tomber comme ça, mais Novak n'a pas d'autre solution pour le moment, et il préfère largement la douleur de la gueule de bois, que celle de la réalité, quand il va ouvrir les yeux le lendemain matin, pour rentrer à Monaco...
Il y a un bras autour de sa taille quand il chancelle en se relevant, et Novak pourrait jurer qu'il pensait tomber, avant de croiser le regard bleu perçant le scrutant de haut en bas. Son sauveur, même si Novak aurait sûrement préféré le sol plutôt que d'être tenu comme s'il était incapable de maîtriser son corps... Il est grand, très grand, plus que lui en tout cas, et quelque chose dans son regard l'intrigue, jusqu'au moment où sa migraine revient--une intense douleur dans le coin de son crâne-- et Novak doit peut-être manquer de tomber une nouvelle fois, son estomac se révoltant dans son ventre face à tout ce qu'il a avalé...
Tout ce qu'il sait pour le moment, c'est qu'il y a un parfum désagréable prenant possession de son nez, une main bien trop ferme sur sa hanche, et un souffle chaud contre sa joue... Ses yeux cherchent à fuir quelque chose qu'il n'est pas encore sûr de comprendre, et tout son esprit semble en alerte alors que son corps est lentement mené vers les toilettes du bar sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit d'autre que de suivre l'inconnu. Novak sait que quelque chose ne va pas, mais il n'y a rien pour lui donner une réponse ou le sortir de là, et une nausée le secoue dès que la porte des toilettes se referme, son estomac se retournant contre lui pour se vider dans l'évier le plus proche—