Golden Time Lovers
Le jour où Novak est venu le voir, au réfectoire de l'un des plus mauvais centres d'entraînements des États-Unis, pour lui demander s'il voulait bien devenir son partenaire d'entraînement en remplacement d'Andy, Stan n'aurait jamais pu deviner que tout finirait de cette manière... Il a évidemment dit oui sans attendre, et il a compris pourquoi tous les petits jeunes du circuit hésitaient avant de vouloir demander des conseils aux plus âgés, parce qu'il s'est retrouvé dans leur position très rapidement. Une minute ou deux passées sur le court d'échauffement, et il s'est retrouvé face aux étirements délirants de Novak, sa flexibilité incroyable lui étant présentée à un mètre de lui sous le meilleur des angles—pas que Stan voulait instinctivement regarder ses fesses, c'est juste qu'il n'a pas vraiment eu le choix...
Ils ont passé une bonne partie de l'après-midi à s'entraîner ensemble ; Stan à essayer de renvoyer ses balles sans s'en prendre une dans le visage à chaque fois que son esprit lui rappelait la vision incroyable d'ouverture d'entraînement, et Novak se décidant à toujours de plus en plus flexible pour le mitrailler sous les yeux de leurs coachs. La partie la plus amusante était sûrement quand Novak s'est mis à travailler son français avec lui en plein milieu de leur entraînement aux smashes, sûrement pour se préparer à son prochain discours de remerciement quand il gagnera Roland-Garros (si Rafa est toujours occupé à soigner son pied en compagnie de Roger, ce n'est pas si improbable).
Évidemment, le français de Roger est meilleur que celui de Novak, mais pouvoir voir des sourires honnêtes sur le visage du Serbe—au lieu de l'habituel air sombre dès que le public se met à ruiner leurs affrontements avec des huées—lui a réchauffé le cœur, de savoir qu'il y avait vraiment une part humaine sous le compétiteur et le linguiste acharné. Stan n'oubliera probablement jamais la manière dont son short, trempé de sueur à force de courir après les balles de Novak, lui a semblé tout d'un coup bien trop serré, alors qu'il a toujours eu l'habitude de porter des choses amples...
La plus grosse part de surprise s'est produite quand Novak a fait le premier pas. Enfin, il l'a poussé contre un mur pour l'embrasser. C'était plus qu'un pas. Stan a répondu, non sans avoir le réflexe de pousser légèrement la porte du bout du pied pour que personne ne puisse les voir comme ça. Roger aurait été fier de lui, de le voir être le gars responsable d'un duo pour la première fois de sa vie, alors que Novak avait plutôt l'air décidé à foutre sa carrière en l'air pour coucher avec lui sur un simple banc, là où tout le monde passe devant... Bon, il n'a pas été si responsable que ça, parce qu'ils ont fini par le faire dans la douche, Novak plaqué contre le mur en mosaïque pendant que Stan pompait fort et vite, l'écoulement de l'eau couvrant les insultes en serbe et les autres bruits de plaisir...
Ils se sont revus plusieurs fois après, pas forcément pour s'entraîner ou jouer l'un contre l'autre, surtout pour explorer un peu plus du corps de l'autre et oublier l'espace d'une heure ou deux leur rôle dans le tennis. Stan a appris beaucoup sur Novak à force de le voir à nu, dans tous les sens du terme, sans pouvoir se cacher derrière la facette du Djoker, de réelles émotions se montrant sur son visage une fois de temps en temps ; la peur de perdre avant les Grands Chelems, la douleur après chaque défaite, la pression se lisant facilement dans ses muscles tendus...
Stan ne sait pas si c'est à cause de cette proximité inattendue entre eux que Novak est venu le voir, à deux semaines du début de Wimbledon, avec cette étrange idée, mais il a dit oui avant même d'y réfléchir. Il connaît suffisamment Novak sur et en-dehors des terrains pour savoir qu'il trouve toujours toute sorte de choses qui pourraient potentiellement booster ses performances, ou des moyens de préparation physique pour contrer la marche implacable du temps, mais Stan n'aurait jamais pensé que Novak serait allé trouver quelque chose comme ça. Il reste quand même flatté que Novak lui fasse confiance pour partager ça avec lui.